Dans la première région ostréicole française, on peine à recruter. En Normandie, la moitié des entreprises du secteur cherchent des personnes à embaucher en CDI. Pour pallier cette pénurie de main d'oeuvre, certains vont chercher du personnel en Europe de l'est.
"Depuis deux ans, on sent que c'est problématique. L'année dernière, on a beaucoup de gens qui sont venus s'inscrire mais qui ne sont pas venus travailler. Donc ça nous a créé des problèmes parce qu'on n'avait pas l'effectif. Et cette année, on a pas de question à se poser parce que personne ne vient s'inscrire." Pour Marc Vivier, ostréiculteur à Asnelles, dans le Calvados, le développement de son entreprise est au point mort, faute de main d'oeuvre.
Marc Vivier n'est pourtant pas un bleu dans le métier. Voilà 23 ans qu'il exerce la profession d'ostréiculteur. Son entreprise emploie aujourd'hui huit personnes à temps plein. Mais le patron a le plus grand mal à recruter les dix saisonniers dont il a besoin à partir du mois de mai. Il cherche également à embaucher deux personnes en CDI. Et son cas est loin d'être isolé. Sur les 300 établissements ostréicoles et conchylicoles normands, 150 cherchent à embaucher en CDI. Et sept sur dix sont en recherche de main d'œuvre saisonnière.
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette pénurie de candidats : la pénibilité et le salaire (1500 euros net par mois pour un permanent) ne feraient pas rêver, notamment les plus jeunes. Autre problème : la question du logement dans une zone très touristique. "On s'est posé la question de proposer à titre privé du logement à nos salariés pour pouvoir les garder", explique Isabelle Vivier, secrétaire de l'entreprise de Marc Vivier, "Ce n'est pas notre métier de loger nos salariés. On aimerait bien que les solutions viennent d'ailleurs."
Des polonais en renfort
A Saint-Vaast-la-Hougue, là où l'ostréiculture a véritablement démarré en Normandie dans la deuxième moitié du XIXe siècle, une dizaine de Polonais ont fait leur apparition dans les parcs à huîtres. Parmi eux, Marta et Kuba Gorzke. Il sont arrivés en Normandie voilà quatre mois et repartiront dans leur pays au mois d'avril. Le couple a été embauché en CDD dans les mêmes conditions que les Français: 39 heures par semaine payées au SMIC. "En Pologne, on est payé 415 euros par mois (ndlr: contre 1237 euros net), pour un travail très dur. Ici, on gagne trois fois plus d'argent et le travail est plus facile", explique Marta, même si son mari reconnait que "la première semaine était très difficile."Pour les ostréiculteurs du secteur, l'embauche de main d'oeuvre étrangère est actuellement la seule façon pour leurs entreprises "de continuer à se développer". Les candidats français se font rares et les profils rencontrés ne sont parfois pas assez qualifiés. Néanmoins un employé français, recontré par nos confrères de France 2, ne peut s'empêcher de s'interroger : "est-ce que c'est assez payé comme métier ?"