Pour ce deuxième confinement, près de 80% des étudiants normands sont restés sur les campus. Tout se fait en visioconférence depuis leur studio, et pour beaucoup, le seule sortie de la journée se limite à chercher un repas. Au restaurant universitaire, ils trouvent à manger et un peu de chaleur.
Visio, boulot, dodo. Voilà à quoi se résume la vie étudiante en confinement. Cours, relations amicale et familiales : les jeunes gèrent toute leur vie par écrans interposés. « On se réveille, on se met devant un cours en visio… Faut se pousser, c’est beaucoup d’autonomie» témoigne un étudiant de Caen.
En cette 3e semaine de reconfinement, ces conditions pèsent sur le moral des étudiants. Le Crous Normandie l’a bien compris. Et contrairement au premier confinement, les restaurants universitaires ont pu ouvrir en proposant la vente à emporter dès le début du mois de novembre.
Les horaires sont larges : 11h15-13h30. Et les tarifs sont inchangés depuis la rentrée de septembre : 1 euro pour les boursiers, 3€30 pour les autres.
#COVID19 #Confinement Nos structures de #restauration s'adaptent aux nouvelles mesures sanitaires et proposent en #VAE des formules repas à partir du 2 nov 2020. Le Crous, toujours à vos cotés ! Lieux, jours et horaires sur > https://t.co/IqNy1pWyM3 pic.twitter.com/6YwVqzVtQB
— Crous_Normandie (@Crous_Normandie) November 2, 2020
Il est donc possible d’emporter deux repas complets, cuisinés maison, pour deux euros. 58% des repas emportés le sont par des étudiants boursiers, comme Solène : « En tant que boursière, manger pour 1 euro, c’est incroyable. »
« Chercher un repas, c’est garder un lien social »
« Nous répondons au besoin de manger de tous ces étudiants qui sont restés sur le campus. Mais l’idée c’est aussi de les faire sortir en dehors de leurs hébergements, de garder un lien social, de leur permettre de communiquer. Venir chercher son repas permet d’avoir un temps d’échange et permet aussi de rencontrer d’autres étudiants. » explique Rodolphe Bléger, directeur d’un restaurant universitaire à Caen.A Alençon, Axelle est aussi boursière, mais elle habite un studio en centre-ville et pour elle, difficile de rejoindre tous les jours le restaurant universitaire, situé à 40 minutes à pieds. Elle le regrette car, au-delà de l’aspect financier du repas à un euro, aller au restaurant universitaire lui permet de sortir de chez elle et de revoir des visages familiers : "Avec le confinement, on ne voit plus les professeurs, on ne voit plus nos amis. »
A Alençon le campus est petit, l’ambiance y est presque familiale, alors les gens nous manquent.
Axelle envie sa copine de classe Charlène, qui travaille le midi au restaurant universitaire : « Elle peut voir les professeurs tous les jours, c’est une chance d’avoir ce rapport privilégié avec eux ! » observe l’étudiante en 2e année de DUT.
« Le restaurant universitaire peut permettre de repérer les décrocheurs »
Charlène fait en effet partie des rares étudiants qui ont pu conserver leur job pendant le confinement. Elle travaille dans un fast food à Alençon le dimanche soir, et tous les midis de la semaine au restaurant universitaire. Même si le nombre de repas est passé de 700 à une centaine, le personnel est resté pour servir les étudiants.Charlène remplit les barquettes avec les entrées, les plats. « Tout est fait pour qu’il y ait le minimum de contact » explique l’étudiante au sujet des mesures sanitaires. Mais en terme de contact humains, Charlène sent qu’elle et ses collègues sont investis d’une mission : « Nous donnons des repas de qualité, mais nous donnons aussi de la chaleur humaine. Le restaurant universitaire peut permettre de repérer les décrocheurs. » Les décrocheurs : ces étudiants qui perdent pied, qui ne parviennent plus à s’intéresser à leurs études, à s’accrocher à la réalité. Même si Charlène se rend compte que les vrais décrocheurs ne franchissent même plus les portes du restaurant universitaire, elle pense être bien placée pour pouvoir repérer et réconforter les étudiants fragilisés.
Sur le campus de Caen aussi, le personnel est aux petits soins pour les étudiants . Au restaurant du campus 1 , la fréquentation a été divisée par 10. « Même quand il y a du monde on essaie toujours de dire un mot gentil » explique une employée, « mais là avec le confinement ils sont seuls , ils ne se voient plus entre étudiants, alors on essaie encore davantage d’avoir des attentions, de faire des petites blagounettes , leur apporter quelque chose en plus ».
Comme il y a moins de monde, l’ambiance est plus détendue et l'offre peut s’étoffer aussi, avec dans ce restaurant la possibilité de choisir sa pizza, préparée sur place ! « Ca nous occupe, et puis ça fait plaisir aux étudiants ! » lance le cuisinier aux fourneaux.
A Alençon, Charlène est consciente d’avoir cette chance de conserver son job étudiant dans une bonne ambiance, différente de celle, plus froide et commerciale qu’elle retrouve le dimanche soir au fast food. Mais si certains envient aujourd’hui cette possibilité de sortir de chez elle et d’avoir des contacts humains quotidiens, elle leur répond : « Hors confinement, pour exercer ce travail au restaurant universitaire, j’ai rogné sur ma vie sociale ! C’est pendant cette pause de midi que les étudiants se retrouvent, lient des amitiés. Moi pendant ce temps-là, je travaille.»
Commander ses repas en ligne : bientôt possible
Si l’un des objectifs du Crous est bien de faire sortir les étudiants de chez eux, l’autre est de pouvoir leur offrir des repas équilibrés à tarifs avantageux. Alors pour ceux comme Axelle qui ne peuvent venir tous les jours et pour ceux qui souhaitent emporter leurs repas pour tout le week-end, un système de commande en ligne a été testé avec succès le 11 novembre au campus de Caen Côte de Nacre. Il devrait être généralisé aux campus normands d’ici la fin de la semaine. Même si la commande se fait de nouveau via un écran, l’étudiant devra tout de même sortir de chez lui pour aller chercher ses repas.Quant à Axelle, elle fête ses 20 ans aujourd’hui… Un anniversaire confiné. « Je suis quand même allée acheter une tenue de soirée et des cotillons », explique la jeune fille. Et ce soir, c’est la fête avec toute sa famille… en visio bien sûr ! Avant de pouvoir, elle l’espère, le célébrer pour de vrai « au moment des fêtes de fin d’année ».