Climat : "cosmétique" rime-t-il avec "écologique" ?

Alors que le réchauffement climatique se fait sentir un peu partout dans le monde, zoom sur le rôle des acteurs de la cosmétique. Si leur impact carbone est mal connu, des actions sont menées, notamment sur le packaging, pour le réduire. Mais la vraie solution se trouverait dans votre douche...

Le secteur de la cosmétique serait responsable de 0,5% à 1,5% des émissions de gaz à effet de serre, selon une étude de Quantis, datant de 2020. Ce n’est qu’une fourchette estimative, et elle vaut pour la planète tout entière. Et en France, précisément ? Les industriels ne connaissent pas leur impact carbone. C’est un des principaux reproches que l’on peut lire dans un "Rapport sur la transition écologique de la filière parfums et cosmétiques" commandé l’année dernière par le ministère concerné.

Dans ce document, les rapporteurs s’interrogent sur les actions menées à chaque étape de la chaîne de fabrication : formulation, production, conditionnement, packaging et emballage, transport, usage. Du laboratoire des scientifiques à la salle de bain des consommateurs, regardons ce qui pose problème, ce qui est fait, et ce qu’il reste à faire.

Formulation : plus de 20 000 ingrédients, pas assez de données

Selon l’étude menée par Quantis auprès des plus grandes entreprises cosmétiques, les ingrédients seraient responsables de 10% des émissions de gaz à effet de serre du secteur au niveau mondial. Si la promotion du "naturel" et du "pur" envahit les rayons, rien n’indique que les produits utilisés aient un bon bilan carbone. Et pour cause : il existe plus de 20 000 ingrédients, et les données précises semblent manquer.

En revanche, le rapport constate que "des actions" sont menées sur "l’optimisation des processus de production", notamment concernant la gestion de l’eau. "On va vers des usines sèches, on a vraiment des réductions d’eau conséquentes", se félicite Franckie Béchereau, directrice régionale adjointe à l’international de Cosmetic Valley.

Cette association, qui réunit l’ensemble des acteurs français de la filière parfumerie et cosmétique, a établi l’impact environnemental comme une priorité stratégique. Elle a développé des "compétences spécifiques en la matière", selon Franckie Béchereau, et cherche continuellement des "solutions innovantes". Par exemple, utiliser moins d’eau pour nettoyer les cuves, ou réduire la consommation d’énergies des usines.

Conditionnement et packaging : de vrais efforts

C’est le cas dans l’usine Blancrème, à Andé (Eure). Les salariés sont passés à la semaine de 4 jours une bonne partie de l’année, ce qui permet d’éteindre la lumière et les machines le vendredi. Et, accessoirement, d’avoir un week-end de 3 jours ; mais ce n’est pas le sujet.

D'un point de vue moral, quand on voit aujourd’hui le temps qu'il fait, c’est une démarche qui est naturelle

Nicolas Guibert, PDG de Blancrème

La société Blancrème, c’est un concept : vendre des savons, des crèmes et des huiles comme s’il s’agissait d’épicerie fine. Sur la ligne de production, des masques pour la peau finissent ainsi dans des petits pots de confiture en verre. Si l’objet convient parfaitement pour coller avec l’aspect "gourmand" cher au créateur de la marque, Nicolas Guibert, le matériau est également idéal pour combler sa fibre écologique.

Le verre est utilisé pour 70% du conditionnement des produits de la société. "C’est recyclable à l’infini", explique Nicolas Guibert. "On utilise aussi des écorecharges pour pré remplir les pots." Seuls les produits utilisés sous la douche sont en plastique, pour éviter qu’un pot en verre ne tombe sur le pied du consommateur. "Quand on fait du tube, on utilise du plastique végétal, issu de canne à sucre". Pour le PDG de l'entreprise, rien d'obligatoire d'un point de vue juridique, "mais d'un point de vue moral, quand on voit aujourd’hui le temps qu'il fait, c’est une démarche qui est naturelle."

Vous l’aurez compris, Blancrème est une entreprise particulièrement vertueuse. Nouvelle preuve avec ce "coffret 100% carton" et qui change des nombreux emballages et suremballages qu’on peut voir chez certains de ses concurrents. Cependant, le rapport gouvernemental est plutôt positif concernant ce domaine, constatant "que de nombreuses actions ont été entreprises dans le domaine des emballages des produits (utilisation de matériaux recyclés et recyclables, sortie du plastique, etc.), en conformité avec les exigences réglementaires."

La part du packaging dans les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie du cosmétique est de 20%. Le transport représente 10%. Cela peut paraître étonnant, mais les laboratoires, les usines et les camions ne sont pas les premiers responsables. Le principal pollueur, c’est le consommateur.

Cosmétiques : à consommer avec modération

Selon l’étude réalisée en 2020, 40% des émissions de gaz à effet de serre sont liées à la phase d’usage des produits. Concrètement, il s’agit de l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau de la douche. La prise en compte de ce critère divise, le lien entre produit utilisé et durée de la douche étant difficile à estimer.

Cela étant, le rapport gouvernemental considère que les industriels du secteur doivent faire mieux en termes de communication, "pour informer le consommateur sur l’importance de la modération dans l’usage des cosmétiques et sur les pratiques permettant de réduire leurs impacts, par exemple lors du lavage ou du rinçage". Un jour peut-être, les spots TV et les affiches publicitaires mentionneront des phrases similaires à ceux réalisés pour l’alcool : "l’abus de produits cosmétiques est dangereux pour l’environnement, à consommer avec modération".

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