Cet archipel sauvage situé au large de Granville (Manche), attire chaque été des milliers de visiteurs. Un flux de vacanciers jugé parfois trop important. Plusieurs actions sont menées et en réflexion du côté des locaux et politiques pour mieux gérer ce phénomène, qui risque d'impacter l'identité sauvage du site.
Chaque été, les îles Chausey sont une escapade sauvage prisée par les touristes. Entre le 15 juillet et le 15 août, plusieurs milliers de vacanciers viennent découvrir la beauté de ce petit paradis, à 1h de bateau de Granville.
Mais ce tourisme de masse sur l'archipel et sa grande île longue d'à peine 2km pose question : les rares habitants de l'île comme les élus de Granville se préoccupent de l'impact d'une telle migration humaine sur ce petit caillou de la Manche.
Des quotas, un lissage du tourisme sur l'année ?
À tel point qu'une étude de fréquentation a été lancée par la Communauté de communes Granville Terre & Mer et la ville de Granville en mars 2023 pour évaluer l'évolution du tourisme à Chausey. Les habitants et professionnels sont pour l'instauration de quotas, comme c'est par exemple le cas dans le parc national des Calanques à Marseille où seulement 400 visiteurs par jour sont acceptés, tous sur réservation.
Une option que ne veut pas entendre Gilles Ménard, maire de Granville, pour qui "le quota est un non-sujet. Il ne s'agit pas de mettre les Îles Chausey sous cloche. Lisser le tourisme tout au long de l'année, c'est une des réponses pour éviter l'hyper fréquentation en haute saison".
Ne pas limiter le nombre de touristes mais essayer de répartir l'activité sur d'autres périodes : l'idée semble séduire, même les premiers concernés.
"Moi, ça ne me dérangerait pas du tout de venir au printemps ou à l'automne. Ce sont d'autres périodes qui me conviennent aussi" assure Alain, au bord du bateau qui relie Granville à Chausey sur samedi 15 juillet.
Léna, également en visite dans l'archipel mi-juillet, se réjouit de son côté de l'absence de quota ou de réservation : "en tant que jeune, c'est mieux de pouvoir venir ici à l'improviste. S'il avait fallu réserver les billets, on n'aurait pas eu l'occasion de faire cette expérience qu'on n'a jamais faite".
Préserver la faune, la flore et le caractère sauvage
Le tourisme de masse est un enjeu majeur pour que l'archipel conserve son identité sauvage et pour pérenniser les richesses qu'elle abrite.
"C'est déraisonnable, c'est délirant. Vous avez des touristes qui marchent à la queue leu-leu sur des chemins, qui sont les uns sur les autres à la plage. C'est complètement déconnant par rapport à la taille d'un petit îlot qu'on a envie de chouchouter et qui a besoin de respirer" s'insurge Marine, insulaire depuis trois générations.
Ce petit bout de terre normand, le plus grand archipel d'Europe, est notamment un sanctuaire pour les oiseaux marins. Plus de 200 espèces fréquentent le site, à l'instar du cormoran huppé, du goéland marin et de l'huîtrier-pie.
Des œillets de France poussent également le long des sentiers de randonnée.
Une faune et une flore riches mais fragilisées par le surplus touristique qui peut amener son lot de comportements inappropriés.
Une lutte de tous les instants pour les gardes du littoral et les agents de l'office de tourisme qui rappellent les bonnes pratiques : bien rester sur les sentiers de randonnée, ne pas ramasser les fleurs, ramener les déchets avec eux car il n'y a pas de poubelles sur l'île.
Des actions sont donc menées et des pistes sont étudiées pour tenter de perpétuer le charme naturel de Chausey, dont l'équilibre est fragile.
Une problématique qui touche d'autres lieux touristiques en Normandie, comme Etretat, mais aussi plus largement en France. Le gouvernement avait d'ailleurs dévoilé en juin dernier un grand plan pour mieux réguler les flux touristiques dans le pays.