Le gouvernement a dévoilé, le 18 juin, un plan pour réguler le tourisme de masse en France. Très prisée à la belle saison, Etretat voit sa population multipliée par dix l'été. Ce surtourisme, qui génère des retombées économiques, mais exaspère les habitants qui quittent petit à petit la ville balnéaire.
"On aimerait que ça ne soit plus Disneyland" : les habitants d'Étretat dénoncent les effets d'un surtourisme estival "soûlant" à Etretat qui dépossède les locaux de leur ville et détériore le patrimoine naturel.
Chaque été, "c'est compliqué de se garer. Les gens arrivent avec leur pique-nique, dégradent le lieux, laissent leurs déchets. C'est impossible de vivre ici en période estivale", raconte Quentin Maze, marin de 35 ans, né à Étretat.
En cause ? Le "gros potentiel instagrammable des falaises", qui engendre un tourisme de quelques heures pour prendre des photos ainsi que le succès planétaire de la série Netflix sortie en 2021, "Lupin", gentleman cambrioleur dont l'histoire est liée à Étretat.
Pas énormément de retombées économiques
Mais cet afflux n'engendre pas de si bonnes retombées économiques. Car 800 000 touristes "ne viennent qu'à la journée, ils ne dorment pas sur place", explique Mme Mallet, et ceux qui ne viennent que pour deux heures "mangent une glace et repartent", sans aller forcément au restaurant.
Sans compter les "périodes fantômes" en dehors des pics de surfréquentation, pendant lesquelles tous les commerces peinent à se maintenir.
Des habitants fuient la ville
"En dix ans, on a perdu un tiers de notre population", confirme Shaï Mallet, coprésidente de l'association d'habitants Étretat Demain, une "fuite" engendrée par "des nuisances", "la montée globale des prix", en plus "des difficultés à se loger".
La coprésidente explique que les 1 200 habitants voient débarquer chaque année environ 1,5 million de touristes, avec des pics en été à 10 000 personnes par jour. Avec une nette accélération depuis la pandémie, notamment de la clientèle internationale, même si cette station balnéaire a toujours été touristique.
A cela s'ajoutent de graves problèmes environnementaux : "une telle masse touristique entraine un phénomène de piétinement qui crée des érosions précipités des falaises et met le site en danger", se désole Shaï Mallet.
Des quotas de visites ?
Pour limiter ce phénomène, la mairie a installé depuis janvier un sentier balisé et des barbelés qui délimitent le chemin, un dispositif "bienvenu et très attendu" par les habitants.
"Il faudrait peut-être aussi doser les trains, bus et réservations de parking", estime Yohann Rivas, conducteur dont le car régional vient de déposer une flopée de touristes récupérés à la gare la plus proche, car la ville "devient crade, surtout à côté de la plage et des falaises".
Après des tentatives fructueuses en ce sens dans les calanques de Marseille, l'instauration d'une jauge est aussi plébiscitée par Étretat Demain, notamment pour le stationnement, mais l'association plaide surtout pour un plan global d'information et réflexion sur les flux touristiques.
"1,5 million de touristes c'est formidable, mais on aimerait que la fréquentation soit étalée sur l'année", explique Shaï Mallet, qui "cherche des solutions pour que les gens restent plus longtemps, consomment différemment, peut-être avec un panier moyen plus intéressant".
Dimanche, le gouvernement a dévoilé un grand plan contre le surtourisme, une nouvelle "très positive" selon Mme Mallet. Elle salue "particulièrement" l'instauration d'une plateforme numérique à partir du premier semestre 2024 pour récolter les données sur les flux, "priorité" indispensable pour lutter contre le phénomène, et la "campagne de sensibilisation menée par des influenceurs", y voyant "une stratégie de communication adaptée aux enjeux de notre époque".
Avec AFP