Même si la fabrication du moteur de la fusée Ariane 6 se fera désormais en Allemagne, le site de Vernon va conserver sa place dans la conquête spatiale internationale avec un projet de lanceur réutilisable, ont annoncé le 6 décembre 2021 les ministres Bruno Le Maire et Sébastien Lecornu.
C'est la stratégie spatiale française au sein de l'Europe qui a été dévoilée le lundi 6 décembre 2021 à Vernon (Eure) par le ministre de l'Economie.
Une fusée réutilisable, comme aux Etats-Unis
Dans le cadre de la politique de ré-industrialisation, et pour rassurer les salariés d'ArianeGroup inquiets de voir partir la fabrication du moteur de la nouvelle fusée Ariane, Bruno Le Maire, accompagné de son collègue Sébastien Lecornu (ministre des Outre-mer mais aussi président du conseil départemental de l'Eure et ancien maire de Vernon) a confirmé que le site historique de Vernon, (créé en 1946 et qui a permis à la France d'être la troisième puissance spatiale > Lire plus bas) conservera sa place stratégique dans les prochaines années :
"C'est une nouvelle page qui va s'écrire. En premier lieu, il y a le moteur Prometheus qui va être développé ; en deuxième lieu, les turbopompes vont revenir ; et en troisième lieu, de nouvelles activités vont se développer sur le site de Vernon, notamment le développement du lanceur réutilisable."
Pour la première fois dans l'histoire spatiale européenne, nous allons développer des lanceurs réutilisables, et ces lanceurs réutilisables vont être développés ici, sur le site de Vernon !
Premier tir en 2026 !
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) December 6, 2021
C'est un beau jour pour l’aventure spatiale française. ArianeGroup va concevoir à Vernon son propre mini-lanceur réutilisable.
L'Europe va rattraper un mauvais choix stratégique fait il y a dix ans. pic.twitter.com/Xs34BD7aH1
Parmi les "nouvelles activités" un projet de diversification du site ArianeGroup de Vernon est à l'étude avec Safran et Airbus dans le domaine de la propulsion aéronautique par hydrogène.
Pour toutes ces nouvelles activités, il est envisagé de créer une centaine d'emplois d'ici 2025, en complément des 850 actuels.
Présente à Vernon lors des annonces du ministre de l'Economie, notre journaliste Calypso Vanier a recueilli la réaction d'un des représentants syndicaux à l'origine, en octobre dernier, d'une manifestation pour exprimer l'inquiétude des salariés :
"Il faut réembaucher, et avec la perte de compétence, il va falloir reformer des gens dans ce domaine-là, et ça ne se fait pas du jour au lendemain."
Aujourd'hui, quand on dit un micro-lanceur pour 2026, il va falloir mettre les bouchées doubles."
Une expertise ancienne
L'origine du site de Vernon remonte au tout début de la conquête spatiale, quand, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France a "récupéré", comme les Etats-Unis et l'Union soviétique, des techniciens et ingénieurs allemands qui avaient mis au point les V1 et V2. Des proches collaborateurs de Werner Von Braun qui à partir de 1946 s'installèrent discrètement dans une forêt au-dessus de Vernon dans un site ultra secret du nom de LRBA (laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques). C'est là que des spécialistes du guidage et de la propulsion furent chargés de la mise au point de missiles et des premières fusées françaises.
En hommage à Vernon, fusées et moteurs eurent des noms commençant par la lettre V : Véronique, Vulcain, Viking….