A l'annonce de la suppression de plusieurs centaines de postes d'ici un an, les salariés du site de Vernon (Eure) où sont fabriqués les moteurs de la fusée Ariane, ont organisé une grande manifestation.

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Ils n'ont pas l'habitude de manifester. Ces salariés de l'industrie spatiale, plutôt habitués à la discrétion et au calme, ont pourtant défilé le 4 octobre 2021 pour exprimer leur colère et leur inquiétude.

Ils ont marché jusqu'à la maquette de fusée qui orne le "rond-point de l'espace" (inauguré quelques jours auparavant) pour rappeler que dès 1946 Vernon a permis à la France de devenir, comme l'URSS et les USA, une puissance spatiale. 
(► lire plus bas).

La raison de cette mobilisation est l'annonce d'un plan de suppression de 600 postes au sein d'Ariane-Group d'ici la fin de 2022 mais aussi, et surtout, le départ de l'élaboration et de la fabrication de Vinci, le nouveau moteur de la fusée Ariane 6, vers un des 4 sites allemands d'Ariane-Group.
C'est par la presse que les salariés ont appris cette annonce, ce qu'ils déplorent.

A Vernon, ce site spécialisé dans les moteurs de fusée employait en 1984 plus de 2000 personnes. A l'automne 2021, et malgré les annonces du président de la République de janvier 2021, les 850 salariés encore présents redoutent la suppression de postes et craignent, à terme, la fermeture du site normand comme l'a expliqué un représentant syndical à notre journaliste Frédéric Lafond présent sur place :

"Pour nous, le plus gros impact c'est le départ du moteur Vinci. Aujourd'hui, c'est la grande incertitude, et même si la direction nous dit qu'il va y avoir le rapatriement des turbopompes, nous n'avons aucune garantie."

On voit bien que personne ne tient sa parole, donc il faut s'attendre à tout.
On peut tout supposer…"

Ludovic Blanchard,
délégué syndical CFDT d'ArianeGroup-Vernon

durée de la vidéo : 00h01mn34s
©France Télévisions

Un savoir-faire venu d'Allemagne

Le début de la conquête spatiale a débuté à Vernon en 1946 quand, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France a "récupéré", comme les Etats-Unis et l'Union soviétique, des techniciens et ingénieurs allemands qui avaient mis au point les V1 et V2. Des proches collaborateurs de Werner Von Braun qui s'installèrent discrètement dans une forêt au-dessus de Vernon.

Un site ultra secret du nom de LRBA (laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) où des spécialistes du guidage et de la propulsion furent chargés de la mise au point de missiles et des premières fusées françaises.

Parmi eux : Heinz Bringer, le père du moteur Viking qui équipa la fusée Ariane.  
Contacté (comme certains de ses collègues) par un espion envoyé par Nasser, il refusa d'aller en Egypte et resta fidèle à la France. A Saint-Marcel (Eure), une rue porte son nom.

Si le LRBA (qui dépendait de l'Armée) ferma en 2013, l'activité spatiale civile s'était développée en parallèle dès la fin des années 60 pour le programme de la fusée européenne qui a permis en 1979 le décollage de la première fusée Ariane.

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