A Paris, Alain F., 37 ans, a été reconnu coupable d'entreprise terroriste individuelle. Le 5 mai 2017, cet ancien soldat français, fiché S, avait été arrêté près le l'enceinte de la base aérienne 105 avec des armes et des couteaux. Il avait prêté allégeance à Daesh.
Le parquet national antiterroriste avait demandé la peine maximale, dix ans d'emprisonnement assortis d'une période de sûreté des deux tiers, en répression d'un "projet criminel meurtrier".
Reconnu coupable d'"entreprise terroriste individuelle", Alain F., décrit comme fragile et paranoïaque, a vu sa peine assortie d'une période de sûreté des deux tiers et d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans après sa libération, qui comporte notamment une injonction de soins.
Le tribunal a sanctionné "l'élaboration matérielle d'un projet violent à l'égard de militaires français", "mûrement réfléchie", et a considéré qu'Alain F. avait "voulu mener une action devant conduire à (sa) propre mort".
Le tribunal s'est attardé sur le parcours difficile de cet homme, exclu du domicile familial à 19 ans et entré dans l'armée de Terre en 2003.Côte d'Ivoire en 2006, Liban en 2008... Il était revenu plusieurs fois médaillé.La République, vis-à-vis d'Allah, c'est mort
Après la mort soudaine de sa compagne en 2011, il avait quitté l'armée et cherché des réponses dans le catholicisme, puis l'islam. Il avait prêté allégeance à l'EI dès sa création en 2014: "Un gouvernement musulman qui applique la loi de Dieu sur terre, pour moi, c'est le top".
Parfois confus, il a assuré que "la République, vis-à-vis d'Allah, c'est mort": "La République fait l'objet d'un décret divin de destruction, elle n'a aucune stabilité, aucune légitimité et encore moins d'avenir".
J'ai eu un comportement stupide
Alain F."a besoin d'aide", a souligné Martin Pradel, plaidant pour un aménagement de peine. Jean-François Morant a quant à lui insisté sur le parcours de vie sans violence d'un homme dépourvu des "codes" jihadistes habituels.
Sur ce point, le tribunal a estimé qu'il "n'y a pas qu'une seule forme de radicalisation". "J'ai eu un comportement stupide", a lâché Alain F. en fin d'audience.
"J'ai envie de vivre une vie normale".