Sept hommes et une femme, mis en cause dans l'assassinat de Samuel Paty, seront jugés fin 2024 par la cour d'assises spéciale de Paris. Parmi les accusés, deux habitants d'Évreux (Eure) seront jugés pour complicité d'assassinat terroriste. Six mineurs seront quant à eux jugés fin 2023 par le tribunal des enfants.
Le procès de huit personnes, toutes majeures, accusées d'être impliquées dans l'assassinat du professeur Samuel Paty par un jeune jihadiste en octobre 2020, se tiendra devant la cour d'assises spéciale de Paris du 12 novembre au 20 décembre 2024, a appris l'AFP de source judiciaire vendredi 27 octobre 2023.
Soupçonnés d'avoir eu une connaissance précise du projet terroriste d'Anzorov
Parmi eux, deux habitants d'Évreux (Eure). Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud, amis de l'assaillant Abdoullakh Anzorov, seront jugés pour complicité d'assassinat terroriste, l'infraction la plus lourde.
Les deux Normands sont soupçonnés d'avoir eu une connaissance précise du projet terroriste d'Anzorov. Ils l'auraient notamment accompagné pour acheter des armes. Naïm Boudaoud avait également véhiculé l'assaillant jusqu'au collège de Conflans-Sainte-Honorine le jour des faits.
Les six autres suspects seront jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Il s'agit de : Brahim Chnina, le père de la collégienne à l'origine de la polémique sur des cours dispensés par Samuel Paty et sa présentation de caricatures de Mahomet; du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, auteur de vidéos sur les réseaux sociaux qui avaient attiré l'attention sur le professeur; de Priscilla Mangel, une femme convertie à l'islam en lien sur Twitter avec l'assassin les jours précédant l'attaque; ainsi que trois autres hommes mis en cause à des degrés divers.
Six mineurs jugés fin 2023
D'autre part, les six mineurs impliqués dans le dossier seront jugés à huis clos, du 27 novembre au 8 décembre 2023 par le tribunal des enfants de Paris.
Cinq d'entre eux comparaîtront pour association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées. La fille de Brahim Chnina sera quant à elle jugée pour dénonciation calomnieuse.
Rappel des faits
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, un enseignant en histoire-géographie de 47 ans, avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d'origine tchétchène. Cet islamiste radicalisé de 18 ans avait été tué dans la foulée par la police.
Abdoullakh Anzorov reprochait au professeur d'avoir montré en classe, lors d'un cours sur la liberté d'expression, des caricatures de Mahomet. Dans un message audio en russe, il avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir "vengé le Prophète".
Les magistrats antiterroristes avaient estimé dans leur ordonnance de mise en accusation que son "mobile" était "la vengeance d'une offense qu'il estimait avoir été faite à son Prophète, qui méritait une condamnation à mort du professeur, souhaitée par son dieu et sa religion".