Une partie des salariés de l'entreprise Compin à Evreux est en grève depuis mardi matin, pour protester contre un plan de sauvegarde de l'emploi jugé au rabais. Un PSE qui prévoit le licenciement de 55 salariés, soit la moitié des effectifs.
Deux mois après l'annonce d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) au sein de leur entreprise, les salariés de Compin à Evreux se sont mis en grève mardi matin, pour en contester le financement.
Les salariés avaient appris stupéfaits le 23 août dernier, à leur retour de vacances, la suppression de 55 postes sur les 113 que compte l'entreprise, soit près de 50% des effectifs du site ébroïcien.
L'annonce du PSE avait aussi indigné la Région Normandie et son président Hervé Morin, qui n'avait pas hésité alors à parler de "trahison". La Région a confié à l'entreprise leader français et européen de fabrication de sièges de train, la production des assises de ses TER Omneos. Par stratégie industrielle, Compin avait délocalisé une partie de la fabrication sur son site polonais.
Un PSE stratégique ?
Dans cette entreprise établie à Evreux en 1953 et spécialisée dans la fabrication de sièges de train, bus et métro, 60% des salariés ont plus de 50 ans. "On se connait tous ici", nous raconte un élu CGT, "on attendait plutôt de la reconnaissance pour notre travail et notre engagement dans l'entreprise, plutôt qu'un plan de sauvegarde de l'emploi".
D'autant que les transports en commun sont en plein essor. Le développement des bus électriques, des trains régionaux ou les nouveaux TGV, justifieraient plutôt de nouveaux investissements. "On a un problème de placement commercial, continue le syndicaliste, "la direction, elle, dit qu'on est plus compétitif. Mais le bâtiment est délabré parce qu'il n'y a pas d'investissement justement, donc à un moment, on est plus compétitif c'est sûr !".
Pour la CGT, majoritaire à Evreux, il y a une volonté de délaisser le site eurois au profit d'autres sites européens du groupe, où la main d'œuvre est moins chère. "Il y a 8% d'écart sur le prix de revient d'un siège assemblé en Pologne ou à Evreux. C'est rien ! Mais il faut avoir la volonté d'optimiser notre site, et il n'y a pas cette volonté de la part de la direction". Les salariés ont le sentiment d'être le jouet d'une stratégie industrielle qui les dépasse, d'autant que l'autre site français de Saint-Etienne dans la Loire, se porte très bien.
Les élus demandent de nouvelles négociations
Le 3 novembre prochain s'achèvera la période de négociation du plan de sauvegarde de l'emploi, un temps jugé trop court par les partenaires sociaux. L'indemnité supra-légale - celle qui dépasse le montant fixé par la loi - allouée au PSE est jugée insuffisante par les élus, qui demandent la mise en place d'un accord de méthode pour la renégocier.
Et demain, que deviendra le site ébroïcien ? "Tout est à refaire pour être compétitif", poursuit l'élu CGT, avant de s'interroger ,"Mais comment vont-ils dimensionner le départ de 55 personnes? On ne sait pas. Il y a beaucoup de trous dans la raquette. Des sites comme celui-là, il y en a deux en France. Ici à Evreux, c'est du savoir faire qu'on va perdre. Nous étions 400 personnes il y a 5 ou 6 ans, aujourd'hui se faire dépouiller ça fait mal", conclut le syndicaliste.