Dans son enfance, Claire-Aurélie Véraquin a été victime d’inceste de la part de son père. Aujourd’hui, grâce à son association "Les enfants de Tamar", elle aide les enfants souffrant de l’inceste en Normandie. Nous l’avons rencontré lors d’une intervention dans un collège de l’Eure.
Longtemps elle s’est tue. Pendant des années, l’homme en qui elle devait avoir le plus confiance, son père, l’a violée. Elle avait 4 ans. La trahison est double lorsqu’elle prévient sa mère et que cette dernière ne fait rien. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle est violée par son géniteur qui décèdera quand elle aura 19 ans, sans être jamais inquiété par la justice. Avec sa mère, il n’y a plus de contact depuis 2014. Claire-Aurélie lui en veut d’avoir été complice de son mari. La jeune fille sombrera dans l’anorexie. Comme pour beaucoup de victimes d’incestes, les troubles alimentaires, la dépression ou les addictions font partie des maux endurés pendant et après les viols.
Désormais mère de famille et professeure, elle doit son salut à un thérapeute qui a su décoder son traumatisme mais également grâce à la foi. Convertie au christianisme, sa résilience est passée par son rapport au divin. De ce parcours, deux livres témoignages seront publiés sous le pseudonyme Mathilde Désanges : Mon chemin de guérison du viol au Pardon, son premier ouvrage paru en (2015) et Ressuscitée : cette nouvelle vie est pour Dieu (2020).
En 2018, elle crée à Vernon l’association "Les enfants de Tamar" :
1 enfant sur 5 est victime de violences sexuelles. Si on développe ces actions de sensibilisations auprès du jeune public ils seront mieux informés, mieux protégés.
Claire-Aurélie Veraquin, fondatrice de l'association "Les Enfants de Tamar
Vendredi 18 novembre, lors de la journée européenne pour protéger les enfants contre l'exploitation et les abus sexuels, Claire-Aurélie Véraquin s’est rendue au collège César Lemaître de Vernon. Les collégiens ont pu voir le film « Les chatouilles » d’Andréa Bescond puis ils ont échangé avec la présidente de l’association des Enfants de Tamar.
Mais le combat de Claire Aurélie Véraquin ne s'arrête pas là. A la clinique des portes de l'Eure, elle aide les victimes à se reconstruire à travers l'art thérapie. Des corps photographiés comme pour se libérer. "L'inceste, c'est une fraction du corps. On vous a détruit de l'intérieur psychologiquement et physiquement. Il faut recoller, restructurer et ça, ça prend du temps."
Son prochain objectif : ouvrir un lieu d’accueil pour les victimes de violences sexuelles. Cet endroit dédié pourrait permettre aux enfants d’être suivis par les différents professionnels de santé : psychologue, psychiatre, orthophoniste. La demande a été remise au Département de l’Eure.