Réfugiés ukrainiens d'Évreux : récit d'une année en Normandie

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Les réfugiés ukrainiens d'Evreux : récit d'une année en Normandie ©France 3 Normandie

Il y a un an, un groupe de réfugiés ukrainiens, des enfants et des femmes fuyant la guerre, étaient accueillis à Evreux. Ils étaient alors tiraillés entre l’envie de s’intégrer et l’angoisse pour leurs proches restés au pays. Au fil des saisons, nous avons suivi leur vie de déracinés.

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Près de 5 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays en guerre pour trouver refuge en Europe. 100.000 d’entre eux ont rejoint la France, seuls ou aidés par des associations humanitaires. En Normandie, 8.000 réfugiés ont ainsi été pris en charge dans des structures adaptées ou accueillis dans des familles bénévoles. Dans l'Eure, ils ont été accompagnés par l’association « Évreux Solidarité Ukraine ».

En mars 2022, les bénévoles de cette structure se sont rendus jusqu’à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine au volant de 6 véhicules pour acheminer les dons récoltés auprès des Normands. À leur tête, Aurélie Lemoine, commerçante et élue à Évreux. Elle a fait de l'accueil de ces réfugiés, son autre combat. Sa guerre à elle : c'est son cancer.

Me projeter dans la cause de ces filles... je pense que je l'ai un peu pris comme une thérapie

Aurélie Lemoine, présidente de l'association "Evreux Solidarité Ukraine"

Au volant de leurs camions, les bénévoles ont ramené avec eux 17 femmes et enfants ukrainiens. Grâce au soutien conjoint de la municipalité et de l’association, ces réfugiés ont trouvé un point de chute à Évreux. Cela fait maintenant presque un an que leur vie en Normandie a démarré si loin de leurs proches. Durant cette année de rupture et d'espoir, ils ont toujours été soutenus par Aurélie Lemoine, leur bonne fée normande.

Hiver 2022 : les premiers pas en Normandie

Elles s'appellent : Anastasya, Svetlana,Tatyana, Violetta, Mira, Alena... et ne se connaissaient pas avant d'atterrir ensemble à Évreux. Leur point commun : fuir pour elle-même et leur famille les bombardements qui pleuvaient sur Kharkiv ou Kiev. " La chose la plus importante pour moi alors, était de ne plus me cacher sous terre. Ici, je pouvais me déplacer sans peur dans les rues. Ma fille pouvait être à côté de moi, sans que rien lui arrive" se souvient Violetta. 



Tatiana confesse " Ma priorité était que les enfants soient en sécurité". Toutes rappellent la difficulté et l'angoisse d'avoir laissé au pays un mari, un fils, une mère qui souvent sont au front et donc exposés au danger. Elles ont dû aussi accepter l'idée d'être aidées, en bénéficiant notamment de l'aide alimentaire dans un premier temps.

Une autre gageure a été l'apprentissage du français, indispensable pour s'intégrer, mais aussi dans un second temps pour trouver un emploi. Mais, la découverte peut-être aussi synonyme de plaisir comme pour Anastasya, 25 ans, qui a pu découvrir Cabourg, Deauville… Et même Paris !

Le printemps sonne la rentrée des classes

Après une période d'adaptation, tous les enfants ont pu être scolarisés. Un retour à la vie normale pour ses enfants déracinés qui bénéficient d'ateliers d'apprentissage du français deux après-midi par semaine. Leur retour à l'école a permis à leurs mères de chercher des emplois, aidées toujours par Aurélie Lemoine, dont l'énergie positive n'a jamais faibli. Tatiana et Svetlana ont pu démarrer un CDD dans une chaîne de fastfood.

Ça m'a rassurée, je peux enfin subvenir aux besoins de mes enfants

Tatyana Androsova

Alena, quant à elle, est employée dans un salon de coiffure, comme simple employée. Elle dirigeait son propre salon en Ukraine, mais "il faut dépasser tout ça, ce n'est pas comme si on était en période de paix." D'autres courageuses ont rejoint des réfugiées étrangères pour travailler comme femmes de ménage pour la ville d'Évreux.  Ce travail, Anastasya en avait besoin "soit je me remontais les manches, soit je restais sur le bas-côté".

Toutes se serrent les coudes, alors qu'elles ne se connaissaient pas en Ukraine. Elles ont constitué une famille de cœur qui leur permet de tenir quand le moral flanche. Quand l'angoisse les étreint. Svetlana, dont le fils et le mari sont au front, se sent tiraillée : "mon cœur est en Ukraine, c'est dur, d'être dans un endroit auquel tu n'appartiens pas".

La vie malgré tout

Puis est arrivé l'été. Et avec lui les occasions de se réunir, bénévoles et réfugiés. Comme le dit Tatyana "quand on se retrouve, on ne se sent plus seules, c'est notre nouvelle famille". C'est l'occasion d'échanger sur les maris restés en Ukraine ou même pour certaines sur des amours naissantes en Normandie... En septembre, les enfants effectuent leur seconde rentrée en France. Certains franchissent le cap de la rentrée au collège. Sacha se confie "je suis très contente, je rêvais du collège et maintenant, j'y vais !".

Je suis très contente, je rêvais du collège et maintenant, j'y vais !

Sacha

Plus de 2 millions d'enfants ont fui la guerre en Ukraine. Scolarisés en France, ils peuvent aussi bénéficier de cours en ligne délivrés depuis l'Ukraine.

Tous les réfugiés ont bien conscience de la réalité là-bas où comme le rappellent Violetta et Tatyana "les gens se sont habitués aux sirènes" et où "les drones kamikazes peuvent atterrir dans les cours où jouent les enfants".

Noël en Normandie

Passer Noël loin des siens et de son pays peut emplir les cœurs de tristesse. C'est pourquoi, Aurélie Lemoine et l'association Évreux Solidarité Ukraine ont tout organisé pour que cela soit le plus joyeux possible. Des cadeaux pour chacun, la découverte d'un Noël à la française un peu différent du leur… Les Ukrainiens fêtent davantage le jour de l'an en famille et c'est le 7 janvier qu'il fête le Noël Orthodoxe. Et même si les vidéos envoyées par leurs proches ont souligné la cruelle séparation, les sourires des grands et des petits étaient sincères ce soir-là.

On se sent heureux d'avoir une famille, et tous ces gens sont désormais notre famille

Mira Salogubova

Une nouvelle année et un nouveau départ

Les réfugiés ukrainiens d'Évreux vont maintenant devoir se passer de leur bonne fée, Aurélie avoue " Si c'était à refaire, je le referais... mais je n'avais pas mesuré l'engagement que ça représentait...". Elle va à présent se consacrer pleinement à vaincre sa maladie. Mais, elle sait que la vie de ses familles est désormais solidement installée à Évreux.

Certaines femmes envisagent de rester définitivement en France, comme Anastasya qui souhaite reprendre ses études et a même reçu une demande en mariage. Alena se voit à nouveau être indépendante avec son métier de coiffeuse. Mais, la plupart désirent avant tout retrouver la paix et leur pays.

On vit dans l'instant présent, on survit... 

Violetta Salogubova

Le magazine complet de Karima Saïdi et Patrice Cornily, à voir ce mercredi soir à 23H15 sur France 3 Normandie dans l'émission Enquêtes de Région : "Les Normands aux côtés des Ukrainiens". 

Angèle de Vecchi  y recevra Viktoria Litvinova, 24 ans réfugiée en France depuis mars 2022 et Eric Blezel qui loge une mère et sa fille ukrainienne depuis un an.

A voir également dans l'émission :
- L'histoire de Jacky Le Bas, un Normand installé en Ukraine, devenu bien malgré lui reporter de guerre.

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