Il y a un an, des salariés de la métallerie Beaumesnil, dans l'Eure, avaient racheté leur entreprise après leurs licenciements économique. Comment s'est passée leur première année en tant que patron ? Le défis qu'ils s'étaient lancé a-t-il fonctionné ? Reportage.
Nous leur avions rendu visite au début de leur aventure il y a un an. Au début de l'année 2020, cinq associés avaient tenté un saut dans le vide. Après avoir été licenciés, ils ont racheté leur entreprise de métallurgie à Beaumesnil, dans l’Eure. A l'époque, Eric Gougeon était persuadé de faire le bon choix. "Nous on connait le boulot On est ensemble depuis des années. À nous tous, ça ne peut que marcher", nous confiait-il il y a un an.
Un démarrage affecté par le covid
Après une année mouvementée, nous sommes retournés voir Eric Gougeon dans son atelier. "C'est plus compliqué que quand on est ouvriers parce qu’il faut tout gérer, tout anticiper. Mais c’est terriblement intéressant."
Pour une première année, on s'est très bien débrouillé !
Les cinq associés ne comptent pas leurs heures. Et depuis qu'ils sont leurs propres patrons, ils ne se sont toujours pas versé de salaire. "On bénéficie des aides de Pôle Emploi, à condition de ne pas nous rémunérer", explique Eric Gougeon. "Ca permet d'approvisionner la trésorerie."
Un choix réfléchi et à moindre mal. Plutôt décider que subir les décisions d'un grand groupe. "Dans un groupe il y a des actionnaires à rémunérer, c'est ça le problème. Dès qu'il n'y a plus d'argent, ils demandent des comptes et une entreprise comme nous on la ferme", nous confie Eric Diomis, co-associé - métallier qui travaille dans cette entreprise depuis 20 ans.
Notre solution ? On travaille pour nous. C'est ce qu'il y a de plus beau.
Après la crise sanitaire, la crise du marché de l'acier
Face à la crise du covid, la petite métallerie a bien résisté grâce aux commandes des particuliers. Elle a même a fini sa première année avec une trésorerie bénéficiaire. "Aujourd'hui on peut dire que ça marche, les clients sont là. On s'est diversifié grâce aux commandes des particuliers qui demandent moins de temps et qui nous paient tout de suite, contrairement aux gros chantiers", indique Eric Diomis.
Mais une autre crise vient se présenter à elle. La crise du marché de l'acier. "Actuellement je cherche à m'approvisionner en tôle. Pour vous donner un petit exemple, je m'apprête à traiter à 1 200 euros la tonne alors que début 2019, c'était à 605 euros. On est à 100% d'augmentation", explique Sandrine Alkalla, co-associée - responsable administrative et financière.
A Beaumesnil, la petite entreprise veut servir d'exemple. Après une année 2020 qui aurait pu définitivement l'enterrer, la métallerie a su garder le cap. En 2021, les 5 associés espèrent pouvoir se verser un premier salaire et pourquoi pas recruter.