C’est une initiative innovante pour lutter contre les incivilités et les violences faites aux élus. À Daubeuf-la-Campagne, près du Neubourg (Eure), l’équipe municipale s’est équipée de l'application MonSherif, un petit boîtier permettant d’alerter les proches lorsqu'on se sent menacé. De quoi retrouver plus de sérénité.
C’est un objet presque invisible, sous les vêtements. "Le mien est placé juste ici, sur la bretelle de soutien-gorge. C'est super discret et pratique". Sabrina Terryn possède ce petit bouton depuis le mois de juin. Secrétaire de mairie à Daubeuf-la-Campagne (Eure), elle a déjà été agressée verbalement. Alors, elle joue le jeu et le porte quotidiennement.
"À l'époque, je travaillais dans une autre mairie. Je n'avais pas d'élu disponible pour répondre à sa demande alors, je lui ai demandé de repasser plus tard. Il s'est emporté et m'a menacé de renverser le bureau. J'ai paniqué", raconte-t-elle.
Initialement créé pour les femmes victimes de violences, l'application MonSherif étend désormais son système d’alerte contre les violences aux entreprises et collectivités.
"On se dit toujours que ça peut arriver n'importe où et à n'importe qui. On croit toujours que ça arrive ailleurs et qu'on n'est pas concerné. Il vaut mieux se protéger quand même", ajoute Sabrina Terryn.
Pas seulement pour les violences
Depuis le mois de juin, la maire de Daubeuf-la-Campagne utilise l’application MonSherif pour se protéger des incivilités.
Le fonctionnement du boîtier est simple. Une pression sur le bouton et vos proches reçoivent un SMS pour les prévenir que vous êtes en danger. Ensuite, le message est couplé avec un appel. Et si vous appuyez plus longuement, la conversation est enregistrée. Le tout, géolocalisé.
Quand madame la maire est absente et que je suis seule, si j'ai un malaise, je peux ,actionner le bouton, ce n'est pas uniquement en cas d’agression.
Sabrina Terryn, secrétaire de mairie à Daubeuf-la-Campagne
VIDÉO. Le reportage de Mélisande Queinnec et Pierre Léonard
À Daubeuf-la-Campagne, toute l’équipe municipale porte son boîtier, la maire y tient. Car les incivilités peuvent se produire aussi en zone rurale.
"On doit faire respecter certaines règles"
"Nous les maires, on doit faire respecter certaines règles. Les citoyens les comprennent bien, mais pour les autres. Mais quand elle s'applique à eux, c'est beaucoup plus difficile à mettre en place. Aujourd'hui, avec ce dispositif, je suis accompagnée, je me sens moins seule", explique Laurance Bussière, maire (SE) de Daubeuf-la-Campagne et présidente de l'association des maires ruraux de l'Eure. Cette dernière est aussi référente dans le département pour la lutte contre les violences faites aux femmes
Le boîtier coûte 90 euros, dont la moitié est financée par l’Association des maires ruraux de France, qui a invité ses adhérents à s’en équiper. Convaincue, Laurance Bussière souhaite maintenant dispenser aux élus locaux des formations pour s’approprier l’objet, et le proposer aux professeurs des écoles du secteur.
Parmi les 8 000 maires qui ont répondu à une enquête du Cevipof en novembre 2023, 69% affirmaient avoir été victimes d’incivilités durant l’année.
