TÉMOIGNAGE "On se sent au bout du rouleau, complètement vides" : ce garagiste se bat contre son cancer et 150 000 euros de dettes

Quand il faut combattre son cancer, mais aussi ses dettes. Johnny Portebois, garagiste à Val-d'Hazey (Eure) se retrouve endetté de 150 000 euros par l'Urssaf. Après quatre opérations, et alors qu'il essaie de guérir de son cancer, l'huissier frappe à sa porte et le menace de saisir ses biens, à lui, sa femme et ses quatre filles. Témoignage.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une succession d'épreuves. C'est ce à quoi fait face Johnny Portebois, garagiste dans l'Eure. Près de cinq ans qu'il se bat contre des dettes qu'il doit à l'Urssaf, mais aussi contre son cancer du poumon métastasé et une tumeur au cerveau.

Plus de 150 000 euros de dette

Le garage était déjà endetté avant le Covid, avec des charges liées à l'ouverture du garage. Mais avec l'arrivée du premier confinement, Johnny fait le choix de rester ouvert malgré tout. Une décision honorable, puisque ces seuls clients étaient des infirmiers libéraux, des commerçants ou des artisans...

Des professionnels donc, pour lesquels le garage Eur'Reparauto entretenait les véhicules des personnes qui en avaient besoin. "Mon mari voulait aider le corps médical pendant cette période", nous confie Alexandra, sa femme. "C'était quelque chose de bon sur le papier, mais qui a vite viré au drame", nous confie Stéphane Aunancy, ami proche de Johnny et de sa femme, alors que personne n'avait d'endroit pour réparer sa voiture. 

L'huissier est passé hier soir en nous disant qu'il allait faire l'inventaire des meubles. C'est ma fille de 17 ans qui lui a ouvert.

Johnny Portebois

Sur le plan humain, c'était une bonne idée, sur le plan financier, pas tellement. "Ils devaient payer entre 3 et 4000 euros par mois de charges à l'Urssaf et ils ne l'ont pas fait. Forcément, les années passent et ça s'accumule" déplore Stéphane.

Depuis, le garage est dans la tourmente infernale de l'Urssaf et leur doit plus de 150 000 euros de charges. "L'huissier est passé ce mardi 28 mai en nous disant qu'il fallait faire l'inventaire des meubles. C'est ma fille de 17 ans qui lui a ouvert", nous apprend le garagiste. "Si on avait cette somme, on la réglerait." 

Depuis, le couple essaie d'étaler la dette sur trois ans, sans réponse de la part du collectif.

Un cancer du poumon métastasé et une tumeur au cerveau

Si les dettes donnent des cauchemars à Johnny, ce n'est pas le seul malheur qui rythme son quotidien ainsi que celui de sa femme et de ses quatre filles qui ont entre 17 et 30 ans.

En octobre 2020, l'homme de 46 ans découvre qu'il est atteint d'un cancer des poumons. "Ça a foudroyé tout le monde" déplore Stéphane. Après une chimiothérapie, une radiothérapie et une immunothérapie de six mois fin 2019, une récidive arrive fin 2020, puis à l'été 2021. Bilan des comptes : 4 opérations du cerveau, la dernière date du mois de juillet 2023 à l'hôpital Salpêrtrière à Paris.

Quand je me réveille le matin j'ai juste envie de pleurer parce que le jour se lève.

Johnny Portebois

Depuis, les symptômes persistent même si la maladie est en "pause" selon les médecins. Johnny ne peut pas mettre sa tête en arrière sous peine de vomir, il ne peut non plus pas porter de charges lourdes et est acculé par la fatigue. Malgré tout, il continue de travailler 13h par jour. Cette activité pour combler ses dettes ne l'aide en rien à se rétablir. "Mon mari devrait être en train de se reposer dans le canapé. Ses années sont comptées. Il est condamné." 

Pris sur le coup de l'émotion, Johnny nous confie la voix tremblante qu'il est également atteint d'une grave dépression depuis septembre dernier. "Quand je me réveille le matin j'ai juste envie de pleurer, parce que le jour se lève, tout simplement". 

"On se sent au bout du rouleau, complètement vides", rajoute sa femme Alexandra, qui vie dans un monde où elle est "acculée par la maladie et par les dettes, où l'on vient sans vergogne frapper à votre domicile en vous réclamant de l'argent comme si tout allait dans le meilleur des mondes."

Une cagnotte lancée

Si le couple, qui travaille sans relâche tous les jours n'a pas le temps ni l'énergie pour demander de l'aide, leur ami de longue date, Stéphane Aunancy a pris l'initiative d'en parler, pour les aider à sortir de ce gouffre financier et émotionnel. "C'est très compliqué, leur moral est à 0, mais on ne se laisse pas abattre."

Ce dernier a même pris l'initiative de lancer une cagnotte leetchi. "Il fallait que tout le monde le sache, c'était trop lourd à porter pour eux seuls." Cette dernière a déjà récolté plus de 11 000€ de la part de plus de 200 personnes.

Un soutien financier, mais aussi moral qui donne du baume au cœur au couple meurtri. "Le plus important pour nous, ce n'est pas l'argent, ce sont tous les messages de soutien, c'est réconfortant. On voit que nous ne sommes pas seuls." 

Le couple craint donc de se retrouver à la rue avec leurs quatre filles. Le jeudi 6 juin prochain, ils ont rendez-vous au tribunal d'Évreux avec un juge qui pourra leur proposer des potentielles solutions pour affronter cette situation. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information