Un détenu mis en examen pour "tentative de meurtre" après l'agression d'un surveillant à la prison de Val-de-Reuil

Un agent pénitentiaire a été attaqué au couteau par un détenu au centre de détention de Val-de-Reuil (Eure) vendredi 15 septembre 2023. L'individu, âgé de 26 ans, a été mis en examen pour "tentative de meurtre" ce dimanche 17 septembre.

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Un détenu, âgé de 26 ans, a agressé un surveillant dans sa cellule du centre de détention de Val-de-Reuil (Eure) vendredi 15 septembre 2023. Il aurait tenté de lui porter plusieurs coups de couteau.

Saisis vendredi par le parquet d'Évreux pour mener l'enquête de flagrance, les enquêteurs de la police judiciaire de Rouen ont placé le détenu en garde à vue samedi, après l'avoir interrogé une première fois la veille. 

Le parquet a demandé à ce que soit retenue l'infraction de "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, punie de la réclusion criminelle à perpétuité", précise Rémi Coutin, le procureur de la République d'Évreux. 

Le suspect a été présenté ce dimanche au juge d'instruction du tribunal judiciaire d'Évreux."Le mis en cause à été mis en examen cet après-midi (ndlr : dimanche), du chef de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, et placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Rouen", a indiqué le magistrat.

Profil du détenu

"Le détenu purge une peine de 15 ans de réclusion criminelle pour des faits de viol aggravé prononcés par la cour d'assise du Val-de-Marne en 2017", précise Rémi Coutin.

Il est arrivé au centre de détention de Val-de-Reuil en début d'année 2023, après une détention dans un centre pénitentiaire du nord de la France, près de Lille, où il a commis "des faits de violence sur des surveillants". Des faits pour lesquels il a été condamné à "18 mois d'emprisonnement ferme supplémentaires" mardi 12 septembre 2023.

Il était par ailleurs "suivi par les services de renseignement pénitentiaire comme pouvant être radicalisé" mais "nous n'attribuons pas de caractère terroriste" à l'agression du surveillant de la prison de Val-de-Reuil, indique le procureur de la République. 

Que s'est-il passé ?

Vendredi 15 septembre 2023 au matin, au centre de détention de Val-de-Reuil, dans l'Eure, le détenu appelle son surveillant d'étage. Il lui signale que sa cabine téléphonique ne fonctionne plus. L'agent pénitentiaire demande au détenu de sortir de sa cellule, entre, saisit le combiné et se rend compte qu'il fonctionne.

"Le détenu est arrivé derrière lui et a alors tenté de lui donner un coup de couteau dans la nuque", raconte samedi Benjamin Gauthier, syndicaliste FO Justice et surveillant à Val-de-Reuil, confirmant une information de Paris Normandie

Le surveillant s'en sort avec une griffure et des bleus

L'agent pénitentiaire, âgé d'une vingtaine d'années, réussit à parer le coup. Une "violente bagarre" éclate entre les deux hommes. Le surveillant tombe sur le lit. Le détenu se tient "au-dessus de lui" et "essaye de lui porter une vingtaine de coups de couteau".

À un moment donné, il se retrouve "avec le couteau sous la gorge" mais réussit "miraculeusement" à parer tous les coups. Ses collègues arrivent alors dans la cellule et parviennent à maîtriser le détenu, qui est envoyé directement au quartier disciplinaire

Le surveillant attaqué s'en sort finalement avec "une belle griffure au niveau du poignet et quelques ecchymoses", précise Benjamin Gauthier. Après un passage par l'hôpital, il a été entendu par la police judiciaire de Rouen et a porté plainte.

"Des structures plus adaptées"

Le détenu, quant à lui, venait de sortir de l'isolement et était "en phase d'observation". Il présenterait "un gros profil psy" et aurait "effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique", selon le syndicaliste FO. Une information que le procureur d'Évreux n'est pas en mesure de confirmer à ce stade.

"On demande le transfert rapide de ce détenu pour ne plus avoir à le gérer. On veut qu'il soit transféré, au mieux dans un hôpital psychiatrique, au moins dans un autre établissement. Et qu'on arrête de nous envoyer des profils psy à gogo", résume Benjamin Gauthier.

"Il y a des structures plus adaptées pour ce profil-là. Nous, on reçoit du public en réinsertion", ajoute-t-il.   

Un manque de personnels et une "fatigue énorme"

Le centre de détention de Val-de-Reuil est plein à 99,9% selon l'Observatoire international des prisons (OIP). Et il y a "de grosses carences en personnel", dénonce le syndicaliste FO.

"Il nous faudrait une bonne vingtaine de surveillants en plus pour commencer à tourner correctement", souligne-t-il, pointant la "fatigue énorme" à laquelle sont soumis les agents actuellement. "Cet été, ils ont effectué entre 80 et 100 heures supplémentaires par mois et par agent", appuie Benjamin Gauthier. 

Selon le syndicaliste, il y aurait eu "trois ou quatre" agressions physiques de surveillants depuis début août. Quant à l'arme avec laquelle le détenu a attaqué le surveillant vendredi, elle ne viendrait pas de l'extérieur.

C'est un couteau qu'on leur donne dans le kit lorsqu'ils arrivent. C'est un petit couteau à beurre, un canif qui ne coupe pas, mais qu'il a taillé en pointe et limé pendant plusieurs jours.

Benjamin Gauthier, syndicaliste FO Justice

Une action de soutien au surveillant agressé est prévue dans la semaine, le jour reste encore à déterminer avec les organsiations syndicales. 

Dans un avis publié au Journal officiel le 14 septembre 2023, Dominique Simmonot, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté constate que "les conditions de détention se dégradent dans toutes leurs dimensions, en même temps que les conditions de travail du personnel pénitentiaire".

Elle préconise "un système de régulation pour lutter contre la surpopulation carcérale". Elle dénonce le fait que malgré "une condamnation de la Cour européenne des droits de l'homme", "aucune mesure d'envergure nationale n'a été prise" par l'État français.

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