Claire O'Petit, député sortante LREM écartée des législatives dans l'Eure : "Ils ont osé me demander d'être leur suppléante"

Député LREM de la 5ème circonscription de l'Eure depuis 2017, Claire O'Petit a été écartée des législatives 2022 par la majorité présidentielle au profit d'un proche du ministre Sébastien Lecornu : le maire de Vernon, François Ouzilleau.

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"C'est dur mais je suis debout", nous lance Claire O'Petit. Elue en 2017 sous les couleurs de la majorité présidentielle, la député de la 5ème circonscription de l'Eure espérait obtenir l'investiture d'LREM pour un second mandat. Ce ne sera finalement pas le cas. Le maire de Vernon, François Ouzilleau, poussé par le ministre Lecornu, lui a été préféré.

"L'Eure a vraiment besoin de démocratie"

Elle a été l'un des visages de la Macronie. L'une des députés déjà connue du grand public avant son élection. Claire O'Petit a été chroniqueuse durant plusieurs saisons dans l'émission "Les Grandes Gueules" sur RMC. Et l'élue euroise n'a pas perdu de son franc parler : "je savais qu'en défendant la position de la population je me mettrais les petits barons locaux à dos. [...] Fidèle à mes convictions profondes, j'ai toujours refusé d'adhérer au parti politique EPE, de monsieur Lecornu. J'étais la seule député de l'Eure à le refuser." Claire O'Petit s'estime sacrifiée pour sa non allégeance au puissant ministre Lecornu. " L'Eure a vraiment besoin de démocratie", lance la parlementaire.

Dans un communiqué, elle vise Frédéric Duché, maire des Andelys, Alexandre Rassaert, maire de Gisors et les dizaines d'autres élus qui ont soutenu la candidature de François Ouzilleau face à elle. "J'aurais beaucoup de chose à vous dire sur ce soutien, mais je préfère attendre encore. Je ne veux pas qu'ils croient que je fais de la petite politique, juste pour me venger", poursuit Mme O'Petit. 

Sébastien Lecornu dans le viseur

La député défend son bilan. " Je suis fière de m'être battue, à l'inverse de monsieur Ouzilleau, contre la ferme des 1000 vaches, pour les trains à Vernon alors que ce dernier voulait défendre sa place dans la majorité au conseil régional et n'a donc pas bronché pendant 5 ans", assène-t-elle. 

Autre position qui, selon Claire O'Petit, n'aurait pas plu à Sébastien Lecornu : sa proposition de loi sur le non cumul des mandats locaux, "voilà ce qui a déplu à ces messieurs", continue l'ex-grande gueule. Beaucoup de ses adversaires sont effectivement élus de leur commune mais aussi présents au sein des agglomérations ou de la région. Sébastien Lecornu est lui ministre des Outre-mer et président du département de l'Eure, un statut exceptionnel accordé par l'exécutif depuis l'année dernière. 

Et sur le bilan du ministre, Claire O'Petit n'est pas tendre : " Dans le département de l'Eure, le RN est arrivé premier. Dans les outre-mer, le RN est arrivé premier. Sébastien Lecornu a de grandes responsabilités sur ces territoires. C'est peut-être juste une coïncidence... ou c'est peut-être simplement de l'incompétence." La député, non-investie, rend coups pour coups à ceux qui auraient joué contre elle.

Sur Emmanuel Macron, elle est beaucoup plus tendre. " J'ai encore eu un contact avec le Président ce matin", confie Mme O'Petit. Elle était d'ailleurs présente à ses côtés il y a quelques semaines au Havre. Elle assure n'avoir aucune rancœur à l'égard du chef de l'état.

Participer oui... mais comme suppléante

Dans la soirée du jeudi 5 mai 2002, Claire O'Petit apprend qu'elle ne sera pas soutenue par la majorité présidentielle pour les prochaines élections législatives. Elle ne prendra la parole publiquement que 4 jours plus tard. Dans l'intervalle, la député s'est vue proposer un lot de consolation. "Ils ont oser me demander d'être la suppléante de M. Ouzilleau", s'exclame-t'elle. Proposition rejetée. 

Ils ont oser me demander d'être la suppléante de M. Ouzilleau.

Claire O'Petit

Pour l'heure, Claire O'Petit dit ne pas savoir quelles suites donner à son aventure politique, même si dit-elle, "c'est dans mes veines." Pour éviter l'élection d'un député RN et la dispersion des voix, elle ne se représentera pas comme dissidente le 12 juin prochain. 

"Je ne suis pas en colère, mais je dénonce !"  

"Je vais retrouver ma famille", avait annoncé Claire O'Petit, évoquant l'émission des Grandes Gueules (sur RMC) à laquelle elle a longtemps participé. C'est le vendredi 13 mai, à 11h30 qu'elle a rejoint le plateau d'Alain Marshall et Olivier Truchot pour parler de sa "non investiture " et de son prochain départ de l'Assemblée nationale ("Attendez, j'ai encore 5 semaines, il faut me les laisser, hein? ")

Avec fougue, et avec son franc-parler habituel, elle a réglé ses comptes avec Sébastien Lecornu qu'elle accuse de l'avoir écartée :

"Je gênais le baron et ses petits chevaliers" (…) "je n'ai pas voulu me soumettre" (…) "je ne cirais pas les pompes, j'étais trop "grande gueule !"

Claire O'Petit dans Les Grandes Gueules

Affirmant avoir eu le président de la République ("il y a 70 heures")  elle explique l'avoir prévenu d'un danger à venir :

" Surveillez bien la Normandie, et surtout l'Eure, parce que la trahison viendra de là pendant votre deuxième mandat" faisant référence à un renforcement du "Cheval de Troie en faisant entrer cet homme à l'Assemblée nationale", un homme qui serait… Edouard Philippe.

Claire O'Petit a également évoqué avec émotion son avenir, indiquant que ses premiers projets étaient que ses deux attachés parlementaires  retrouvent l'équilibre et du travail. Rappelant que "le travail de député c'est 80% de social" elle déplore devoir laisser plus de 50 dossiers d'aides d'habitants en difficulté, avec parmi ces dossiers, des appels au secours…

Interrogée sur une possible candidature sans étiquette, faute d'investiture de son parti, elle a répondu vouloir "sortir la tête haute" et confirmer ne pas se représenter en juin. Elle a ajouté que "le président sait exactement ce qui se passe dans l'Eure. Je n'ai pas l'investiture, ça fait mal… J'ai fait mon travail, j'ai été une députée de terrain."

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