Emmanuel Macron a déclaré mercredi 25 octobre que les médecins retraités qui souhaitaient continuer à travailler devaient pouvoir garder leurs revenus sans payer de cotisations retraite nouvelles. Dans l'Eure, un des départements français les plus touchés par le problème des déserts médicaux, les principaux concernés sont partagés.
Mercredi 25 octobre, lors de son intervention sur France 2, le président de la République Emmanuel Macron a lancé un appel aux médecins retraités ou futurs retraités : s'ils acceptent de poursuivre ou reprendre leur activité professionnelle, ils pourraient en toucher des avantages financiers, c'est-à-dire cumuler salaire et pension de retraite, sans payer de cotisations vieillesse.
Avec un praticien sur deux non remplacé ces cinq dernières années, le Sud de l'Eure est la zone la plus touchée par la désertification médicale dans le département. A Breteuil-sur-Iton, après 40 années de pratique, le Dr Richard partage son cabinet avec une future médecin pour anticiper son départ à la retraite.
"Ce n'est pas une incitation suffisante"
Ce n'est pas l'annonce de l'exonération des cotisations qui le fera changer d'avis. "Pour moi, ce n'est pas une incitation suffisante. [...] Je suis assez fatigué pour pouvoir prendre ma retraite au mois de mars 2023 et je n'ai pas l'intention de continuer après", affirme Alain Richard. "J'ai déjà repoussé l'âge de la retraite. J'aurais pu la prendre au mois de mars 2022", ajoute-t-il.
La surcharge de patients dans le département incite les plus jeunes à travailler dans d'autres régions. "C'est compliqué de venir s'installer tout seul, on a toutes les charges des patients. J'aime bien l'exercice rural mais je ne voudrais pas m'installer dans un endroit où je suis la seule médecin", constate la Dr Lucie Bastos, médecin généraliste dans le cabinet d'Alain Richard.
"Peut-être bien que je reprendrai un peu de service"
Pour convaincre un maximum de praticiens retraités, certains praticiens défendent une autre solution : la multiplication des maisons de santé. A Verneuil-sur-Avre, un lieu va accueillir 25 médecins d'ici l'été 2023, dont le Dr Luc Welsing, médecin généraliste retraité en septembre prochain. "Si je veux que quelqu'un prenne la suite de ma patientèle, reprenne mes dossiers et ne laisse pas les gens sur le carreau, il faut que je sois dans une maison médicale. C'est plus attirant pour un jeune que d'être seul dans un cabinet et de tout gérer. Dans une maison médicale, il n'y a plus qu'à faire la médecine", souligne-t-il.
Patrick Dahan pourrait se laisser tenter. A 67 ans, retraité depuis 5 ans, cet ancien médecin généraliste se dit séduit par cette promesse d'exonération. "Quand le président de la République a annoncé ces mesures mercredi soir, il y a quelque chose qui a fait tilt chez moi. Peut-être bien que je reprendrai un peu de service pour avoir le contact avec les patients parce que ça me manque au bout de 40 ans, et puis surtout pour soulager mes collègues qui sont en grande difficulté. [...] Sur le territoire, nous étions 20 médecins généralistes il y a quelques années. En 2023, il n'y en aura plus que 9", appuie-t-il.
Selon certains syndicats, ces exonérations seront financées par une hausse des cotisations de 7% l'an prochain pour les médecins libéraux qui ne seront pas encore à la retraite.