Après quelques années passées à Val-de-Reuil dans l'Eure, dans les serres zoologiques de Biotropica, quatre crocodiles "Faux-gavial" ont quitté leur terre d'adoption, après des années de bons et loyaux service, dont Léon mâle reproducteur de cette espèce protégée. Une opération délicate pour transporter ces bestiaux puissants, aux dents acérées.
"On va essayer de passer les premières cordes au mâle, tout en restant dans le couloir, et pas sur les plages, pour des raisons de sécurité." François Huyghe est à la manœuvre de cette opération qui s'avère bien délicate.
Le directeur de Biotropica a la tâche difficile de capturer quatre crocodiles "Faux Gavial", qui vivaient jusqu'alors dans les serres surchauffées de ce parc zoologique de Val-de-Reuil (Eure).
Une manipulation dangereuse
Six soigneurs l'assistent pour sécuriser la manipulation dangereuse de Léon, un mâle de trois mètres de long, et 120 kilos de muscle. Léon n'apprécie pas particulièrement qu'on vienne perturber son existence.
"Il est chez lui, il est sur son territoire, et on n'a pas trop l'habitude de rentrer avec lui, il y a toujours un peu de défiance. Il va venir au contact de façon un peu agressive. Le risque avec cet animal, c'est une blessure de l'humain ou de l'animal", explique François Huygue qui ne quitte pas des yeux ledit animal.
Il ne faudrait pas blesser ce patriarche, le seul mâle de race "Faux-gavial" reproducteur en Europe. La manœuvre est complexe comme le montre le reportage de Elsa Gavinet et Stéphane Lhôte :
Une espèce en voie d'extinction
"C'est une espèce dans la nature en danger critique d'extinction. Il reste à peu près 400 individus dans la nature, en Afrique de l'ouest" commente Jessica Roman, soigneuse chargée des reptiles, amphibiens et poissons à Biotropica.
En captivité, les "Faux-gavial d'Afrique" sont encore moins nombreux. Mais grâce à Léon, géniteur prolifique d'une vingtaine de descendants en 10 ans, la population européenne a doublé. Aujourd'hui pourtant, le risque de consanguinité augmente, poussant doucement notre mâle fertile vers la sortie, pour laisser la place à un plus jeune que lui.
Élever des crocodiles aujourd'hui, c'est comme planter une forêt. Les bébés qui naissent maintenant seront reproducteurs peut-être dans 20 ou 30 ans. Avec ce mâle américain qui arrive, cette espèce là continue à Biotropica, mais sans bébé dans les 10 années qui viennent.
François Huyghe, directeur de Biotropica
Léon lui, ainsi que ses trois compères, sont en route pour la Drôme, où ils vivront désormais à la Ferme des crocodiles. Là-bas, d'autres combinaisons génétiques pourront voir le jour.
L'arrivée dans quelques mois du jeune mâle américain devrait aussi réjouir les jeunes femelles nées à Biotropica. Ici aussi, de nouveaux accouplements permettront de nouvelles combinaisons génétiques.
Depuis son ouverture en 2012, Biotropica a été le seul parc zoologique en Europe à reproduire cette espèce emblématique.