Alors que la France est paralysée par le coronavirus, la préparation de la prochaine rentrée scolaire se poursuit. Les fermetures de classe devraient être actées la semaine prochaine. Des parlementaires normands, des syndicats d'enseignants et des associations de parents montent au créneau.
"Il y a une semaine, on s'est rendu compte que les instances décidant de l'élaboration de la carte scolaire allaient se réunir très prochainement. De nombreuses choses sont mises actuellement entre parenthèses. Même sur les retraites (ndlr : ou l'assurance chômage), il n'a pas été exigé la continuité", s'indigne Sonia de la Provôté. La sénatrice du Calvados, membre de la commission culture et éducation du Sénat, a cosigné avec ses collègues Pascal Allizard, sénateur, et Sébastien Leclerc, député, un appel au ministre de l'éducation "à reporter l'examen de ces mesures de fermeture (de classes) à une période où la discussion et les déplacements seront rétablis."
"C'est un passage en force"
Comme le rapportent nos confrères de Ouest-France, dans l'Orne, où une trentaine de classes seraient vouées à la fermeture, les syndicats enseignants demandent également un report de l'élaboration de la carte scolaire. "C'est un passage en force", dénonce à son tour Carole Lecomte, présidente de la FCPE du Calvados, "comme ce qui se passe actuellement sur les conseils de classe où, compte tenu du contexte actuel, il n'y a plus du tout de participation des parents et des élèves. Or, il est très important qu'il y ait des échanges sur ces conseils de classe du second trimestre, notamment avec Parcousup." La sénatrice de la Seine-Maritime, Catherine Morin-Desailly, présidente de la commission culture et éducation du Sénat évoque "un sujet important qui ne manquera pas d'être largement évoqué lors de la prochaine audition du ministre de l'Education nationale".Car le temps presse. A Caen , les Comités Techniques Spéciaux Départementaux (CTSD) et le Conseil Départemental de l'Education National (CDEN), des instances où se décident les ouvertures et fermetures de classes, se réunissent la semaine prochain, lundi et vendredi. "Lors de ces réunions vont être actées les fermetures de classe qui dans la foulée vont être notifiées officiellement aux maires", rappelle la sénatrice Sonia de la Provôté, "En temps normal, il y a un dialogue, des interactions qui s'établissent après ces notifications (ndlr : on essaye de négocier). Mais là, le timing n'est pas opportun au regard de la situation actuelle. Le pic épidémique est attendu la semaine prochaine et les maire ont bien d'autres choses à gérer."Les maires ont bien d'autres choses à gérer
"Qu'on leur foute la paix !"
"Ce n'est pas le moment", juge également Carole Lecomte. "On a plutôt besoin de sérénité, notamment les profs qui font un sacré boulot. Le mieux pour les directeurs d'école, les profs, les élèves et leurs parents, c'est qu'on leur foute la paix", ajoute Jean-Michel Perez, trésorier adjoint de la FCPE du Calvados."La fin du confinement est annoncée pour le 4 mai. Or le conseil scientifique doit rendre son rapport le 10 ou 15 mai. La reprise pédagogique se fera donc vraisemblablement plus tard. Ça laissera un temps très court pour donner aux enfants le bagage pédagogique qu'ils devraient avoir ", estime Sonia de la Provôté, "destabiliser dés à présent les équipes qui vont devoir mettre les bouchées doubles (à la reprise des cours) ce n'est pas un message positif."
La continuité pédagogique n'est assurée que pour une petite partie des élèves
Car si le ministère de l'Education nationale entend continuer à suivre son programme de préparation de la prochaine rentrée scolaire, la continuité pédagogique, elle, est quelque peu mise à mal par l'épidémie qui frappe actuellement la planète, malgré "le travail des profs qui se décarcassent, notamment en zone rurale", comme le rappelle Sonia de la Provôté. "La continuité pédagogique n'est assurée que pour une petite partie des élèves, ceux qui sont autonomes et qui ont accès au numérique", indique Carole Lecomte, de la FCP du Calvados, "Les difficultés vont se révéler au retour du confinement. Là, il va falloir des moyens. Ce ne sera pas le moment de couper les moyens." Et donc de fermer des classes.