Le secrétaire du Syndicat de la Pyrotechnie de Spectacle et de Divertissement est normand. Sa colère est profonde depuis l'annonce du maintien d'un feu d'artifice du 14 juillet à Paris, alors que partout en France, les préfets les interdisent. Une injustice qu'il ne comprend pas.

Il a bien failli s'étouffer ce 8 juillet au soir en entendant la nouvelle à la télé. "Je n'en croyais pas mes oreilles. Une grande colère m'a envahi", raconte la gorge nouée Vincent Leperchois, secrétaire national du SPSD, le Syndicat de la Pyrotechnie de Spectacle et de Divertissement.

Le feu d'artifice du 14 juillet est maintenu à Paris ont annoncé Anne Hidalgo et le préfet Lallement qui sont parvenus à un accord ce 8 juillet : "Compte tenu du contexte sanitaire et réglementaire actuel, et notamment de l'interdiction des rassemblements de plus de 5.000 personnes, les festivités à Paris ne peuvent se tenir en présence d'une large foule comme c'est le cas chaque année. Ont été décidées des modalités d'organisation particulières, ainsi le public ne pourra être accueilli au sein d'un large périmètre autour de la Tour Eiffel".

A Paris, ils font appel au sens des responsabilités et au civisme des Parisiens ! mais ça veut dire quoi ? ça veut dire qu'on n'est pas assez intelligent en Province pour faire la même chose ? C'est Paris et le reste de la France encore une fois. C'est insupportable. Surtout que l'on se souvient tous des images de Paris le soir de la fête de la musique. 

Vincent Leperchois, créateur de Locatech artifices et secrétaire SPSD

Sa société, Locatech, située dans la Manche devait tirer 160 feux d'artifices entre mai et Aout 2020.


Une poignée de communes qui résistent

A quelques centaines de kilomètres de là, à Rouen, à Evreux, à Lisieux, à Caen, à Cherbourg, etc partout ou presque, tous les feux d'artifice prévus depuis le mois de mars ont été annulés. Les maires ont pris ces décisions parfois après de longues discussions (ces dernières semaines) avec les autorités préfectorales normandes. Mais dans la Manche, comme dans le Calvados ou la Seine-Maritime, ces derniers ont appliqué sans retenue la limite interdite "des rassemblements de plus de 5000 personnes jusque fin août" et ont ordonné aux mairies de reporter les pyrotechnies à plus tard dans l'année.

On sait déjà que quelques petites communes font de la résistance, invoquant souvent un rassemblement qui n'atteint jamais la jauge maximale.
 
"Le seul contrat qui me reste est celui de Criquebeuf-en-caux, commune de moins de 500 habitants", raconte Jean-Loup Pottier directeur de 8ème Art société de pyrotechnie de l'Eure. "Nous sommes connus dans toute la Normandie pour nos spectacles lors des grand anniversaires du DDay. Cette année on n'a rien fait ni en mai, ni en juin. Et là je n'ai plus que quelques espoirs pour Septembre, quelques dates ne sont pas encore annulées. Mais la saison est finie pour nous." 
 

99% de pertes pour les professionnels 

Pour ces sociétés qui emploient en moyenne une dizaine de salariés permanents ( Elles sont 700 sur toute la France), c'est le chômage partiel depuis la mi-mars. Les artificiers occasionnels qui travaillent avec eux l'été sont sans mission. "C'est une année 0, une année blanche. Tous mes produits sont pourtant achetés. Il faut les stocker, répondre aux normes SEVESO, payer les charges, etc. Aussi j'ai demandé à tous mes clients de bien vouloir verser 30% d'accompte pour les feux de l'an prochain. Tous ont dit oui. Grâce à cela, je pourrai payer en partie mes charges mais c'est très tendu. Si ça recommence l'année prochaine, je ne pourrai pas tenir", se désespère Jean-Loup Pottier dans sa société de l'Eure. 

On peut dire que 99% de notre chiffre d'affaires ne se fera pas. Certaines communes espèrent tirer leur feu du 14 juillet à Noël. Mais qui sait si ça se fera ou pas ? 

Jean-Loup Pottier, Le 8ème Art
 

Alors que l'on parle beaucoup des difficultés de la restauration ou de la Culture, ces petites entreprises se sentent isolées. Elles espèrent qu'une main leur sera tendue prochainement. 
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