Grandeur et misère du bénévolat en Normandie [feuilleton]

Le feuilleton de cette semaine est consacré au bénévolat et ceux qui s'engagent pour la bonne cause. Engagés, militants, passionnés, où simples citoyens attentifs à leur prochain, parfois découragés aussi, Rémi Mauger et Emmanuelle Partouche sont allés à leur rencontre.

On dit qu’ils sont le ciment d’une société. Notre feuilleton de la semaine s’intéresse aux bénévoles. De l’éducation populaire au don du sang, des blouses blanches investies dans le milieu hospitalier à l’aide aux migrants ou aux Sdf, qu’ils agissent dans l’univers social, sportif ou culturel, les bénévoles ont quelques points communs : la passion, l’engagement mais aussi la fatigue, le découragement, le difficile renouvellement des troupes.

Les temps changent, les lignes bougent, la place faite au milieu associatif devient parfois complexe. Cadre réglementaire, baisse des subventions, appels d’offres... comment répondre à une demande de plus en plus exigeante ? Ici il faudrait se professionnaliser avec des moyens dérisoires, là savoir se montrer sage et politiquement correct. 

Voici quelques portraits de bénévoles proposés par Rémi Mauger, Nicolas Dalaudier, Franck Leroy, Vincent Potel, Emmanuelle Partouche, Didier Meunier, Serge Brouzes et Eric Tavennec


 

L'action collective au sein de l'ASTI


Quel que soit le lieu ou le moment où vous rencontrerez Patrick Arz, il sera toujours en pleine action de soutien aux plus démunis, aux faibles, aux exclus, aux malades ou aux migrants. Tour à tour militant syndical ou bénévole associatif, la rébellion et le partage ont jalonné son parcours professionnel et personnel. Mais il refuse obstinément qu'on le place dans la lumière des médias, car il ne conçoit ses luttes que dans l'action collective. Le jour du tournage, Patrick Arz intervenait au sein de l'association L'art de donner puis au sein de l'ASTI du Calvados, l'Association de Solidarité avec Tous les Immigrés du Calvados, membre de l'AG de lutte contre toutes les expulsions, à Caen.
Intervenants :
Patrick Arz, association "L'art de donner"
Alpha Nakunbungu
Marie-France Martial, bénévole ASTI
Patrick Arz, co-président de l'ASTI Calvados

 

Les motivations variées des bénévoles


Selon les données fournies par Recherches & Solidarités, pour l'année 2017, la principale motivation des bénévoles à s'engager est d'être utile à la société et agir pour les autres (rapport "La France bénévole 2017")
 


 

Les Blouses Roses du CHU de Rouen


Au CHU de Rouen, dans le service pédiatrie, des bénévoles - le plus souvent des femmes - viennent visiter les enfants malades, de la naissance à 18 ans. On les repère aisément dans le service : leurs blouses roses tranchent dans cet univers majoritairement blanc.
Des activités manuelles pratiquées en commun ou au lit des jeunes malades, un échange bref et bienveillant ou une simple présence silencieuse, tous ces moments passés sont autant de parenthèses enchantées pour les enfants.
Ces échanges sont à double sens "On apprend beaucoup et on reçoit énormément" témoigne Béatrice. Le ressenti est le même pour Stéphanie : "on a passé vraiment un moment magique quand on voit dans le regard de l'enfant et des parents qu'ils ne sont plus à l'hôpital mais dans leur quotidien". Béatrice et Stéphanie font partie de l'antenne rouennaise de l'Association Les Blouses Roses forte de cinq mille bénévoles répartis sur tout le territoire.
Intervenantes :
Béatrice Ledos, bénévole depuis 6 ans
Charlotte, 14 ans
Lou, 9 ans.
Stéphanie David, bénévole depuis 6 ans


 

Combien de bénévoles en Normandie ?


Un enquête récente, réalisée en 2016 par l’IFOP, pour France Bénévolat et Recherches & Solidarités, révèle une progression de la proportion de bénévoles ces dernières années (25% des Français en 2016 pour 22% en 2010). Elle permet d’évaluer le nombre de bénévoles aujourd’hui à 13 millions, au plan national.

● Sur cette base actualisée, on peut estimer entre 550 000 et 600 000, le nombre de bénévoles dans les associations de la région, aujourd’hui. 27% sont impliqués dans le domaine social caritatif et 8% dans le domaine de la santé

● Ceux qui interviennent régulièrement, au moins une fois par semaine, essentiels pour les associations, sont en légère augmentation depuis 2013. Ils représentent aujourd’hui 45% de l’ensemble des bénévoles.
On peut donc estimer que le nombre de bénévoles réguliers (actifs une fois par semaine) se trouve dans une fourchette de 240 000 à 260 000 pour la Normandie.

(référence des données : R&S page 15 et bilan de l'emploi associatif sanitaire et social de la région Normandie page 2)


 

L'Autobus Samusocial en aide aux Gens de la rue


Hugo, 20 ans, fait ses premiers pas en tant que bénévole au sein de l’association l’Autobus Samusocial de Rouen, affiliée à la Fédération des Samusociaux de Paris. Comme lui, la moitié des 125 bénévoles de l’association ont moins de trente ans, une bonne chose puisque bon nombre des Gens de la rue [les bénéficiaires] sont également des jeunes. Cette concordance d’âge favorise les liens de confiance qui s’instaurent à l’occasion des maraudes.
Fiona accompagne Hugo dans ses premières maraudes, c’est elle qui l’a convaincu de s’engager. Bénévole depuis plus d’un an, elle témoigne des questionnements qui la taraudent après avoir quitté l'Autobus et être rentrée chez elle. C’est elle qui alors se trouve démunie et impuissante pour vraiment sortir les bénéficiaires de leur situation.
Intervenants :
Hugo Delpérié, bénévole pour l'Autobus
Elodie Meunier, responsable de l'association
Fiona Cornillot, bénévole pour l'Autobus

 

Une idée fausse : "les jeunes ne s'engagent plus"


Dans sa photographie de la France bénévole en 2016, sur la base d'un sondage IFOP, le réseau Recherches & Solidarité, montre que les jeunes de moins de 35 ans donnent du temps gratuitement pour les autres, dans des proportions proches des autres catégories d'âge. Sur les six dernières années, ils se maintiennent là où les plus de 50 ans se démobilisent significativement.
 
 

Le désenchantement des bénévoles d'AAGIR


Il y a 35 ans, un passionné d’éducation populaire, Guy Deschamps, a créé dans le Nord Cotentin l’association AAGIR (Association d’Animation Globale Intercommunale Rurale. C’était en 1980, l’éducation populaire était alors florissante. L’instituteur éditeur n’a pas ménagé son temps ni sa santé pour développer toutes sortes d’activités car hormis le foot, il n’y avait rien. Loisirs et culture ont alors prospéré en même temps que l’association qui a compté jusqu’à 15 salariés. Plus tard, son fils et sa fille ont pris le relais, dans le même esprit de bénévolat et don de soi au service de leurs prochains.
Mais la commune a décidé de mettre en place une délégation de service public, qui a sonné le glas d'une très grande partie de leurs activités. Le désenchantement et l’amertume sont très forts pour les responsables de l’association qui assistent ainsi à la disparition du bénévolat
Intervenants :
Régine Deschamps
Christian Bouchard, président association Aagir
Mireille Bouchard, bénévole Aagir



 

Portrait type du bénévole en 2017


Le réseau associatif d'experts Recherches & Solidarités publie de nombreuses informations et données sur les solidarités et la vie associative afin d'apporter aux décideurs les informations les plus récentes.

Téléchargez "La France bénévole en 2017" Etude Recherches & Solidarités - juin 2017


L'infographie ci dessous réalisée par AssoConnect met en image le portrait type du bénévole en France en 2017. 

 

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