L'entreprise normande "Loop Dee Science" à Hérouville Saint-Clair près de Caen fait partie des 126 projets "Résilience" retenus du plan France Relance. L'Etat lui attribue 1,6 millions d'euros pour développer ses tests de détection rapide en biologie moléculaire. Face aux virus, un marché d'avenir.
Loop Dee va pouvoir voir plus grand. Elle fait partie des 126 projets retenus dans le cadre de l'appel d'offres "Résilience" du plan France Relance lancé pour soutenir les entreprises engagées dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19. Avec la somme de 1 million 624 000 euros allouée par le Ministère de l'Industrie, la jeune start-up caennaise créée en 2016, va pouvoir changer de dimension. Retour sur l'itinéraire d'une entreprise dont la spécialité, la biologie moléculaire, est aujourd'hui très prisée.
La biologie moléculaire, l'ADN de Loop Dee Science
En 2019, la jeune start-up Loop Dee Science met au point des kits de prélèvements pour détecter des coronavirus sur les animaux. Mais en 2020, l'épidémie de Covid 19 change ses plans. Elle réoriente son ingénierie scientifique sur les virus transmis à l'homme. Avec le service de virologie du CHU de Caen dirigé par le Professeur Astrid Vabret, Loop Dee multiplie les tests et les prototypes. De cette collaboration qui tombe à point nommé, naît, en quelques mois, un outil complémentaire des laboratoires : le Loop-X, un test de dépistage rapide et dont la fiabilité atteint les 96% comparée au test PCR. Autre avantage : il s'agit d'un outil portable. "L'idée n'est plus de transporter le prélèvement au laboratoire, mais c'est le laboratoire qui se déplace au chevet du patient", explique Louis-Marie Rocque, co-fondateur et Président de Loop Dee Science. Le procédé consiste à un prélèvement nasal inséré dans un petit boîtier, le LoopX. Le lyophilisat est chauffé et le résultat est donné en 30 à 40 minutes par un code couleur.
Un kit de détection de la Covid-19 commercialisé dès l'été 2020
L'invention 100% normande est validée par la Haute Autorité de Santé et l'Agence française du médicament. Et obtient son marquage CE. Début août 2020, la commercialisation commence. La valise contenant le kit de détection du virus coûte 1 000 euros, les réactifs entre 20 à 25 euros. La Région Normandie soutient, notamment par le biais d’un prêt à taux zéro d’un montant de 150 000 euros.
Le kit séduit de plus en plus de clients avec des débouchés en France, où de grands groupes de l'énergie et de l'automobile s'équipent de l'outil, mais aussi en Espagne, où même des laboratoires en commandent pour assurer des tests rapides, en Italie, au Maghreb et aux Philippines. Le réseau de distributeurs et la filiale en Chine élargissent la présence de Loop Dee à l'international.
Actuellement, nous envoyons quelques milliers de kits par semaine en Espagne, en raison de l'arrivée de la 4ème vague
Et Loop Dee voit plus grand
Avec plus de commandes, la start-up est aujourd'hui à l'étroit. Alors d'ici fin 2022, elle ouvrira sa propre usine sur l'ancien site militaire de Bretteville-sur-Odon, dans l'agglomération caennaise. Le bâtiment accueillera plusieurs lignes de production. Une dizaine de salariés sera recrutée pour la production, ainsi que 7 ou 8 ingénieurs pour le service recherche et développement. "Les virus évoluent dans un écosystème complexe, explique Louis Marie Rocque. Un écosystème à la fois environnemental, animal, et humain. Nous, nous voulons nous développer dans ces différents secteurs car tout est lié dans cet écosystème, c'est le principe du "One health"".
En ce qui concerne la santé humaine, Loop Dee prévoit également de développer des tests de détection rapide pour la grippe, la rubéole et le VIH. "L'idée est aussi de relocaliser en France cette technicité", souligne le président de l'entreprise.
Il reste un verrou à lever
Loop X, un outil clé en main. Mais parce que le loop X entre dans la catégorie administrative des "tests de diagnostics rapides", chaque résultat doit encore être validé par un biologiste. Un frein à l'utilisation du kit par les médecins généralistes notamment. La Ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Vannier-Runacher, venue sur site le jeudi 8 juillet, promet de se pencher sur ce verrou à lever. "Nous allons créer une Agence de l'innovation en Santé dont l'objectif est d'accompagner des entreprises comme celle-là, à chaque étape pour s'assurer que le produit créé avance suffisamment rapidement, et qu'il n'y ait pas d'obstacles administratifs, réglementaires, qui empêchent inutilement de passer à l'étape suivante", a assuré la ministre, lors de sa visite du site.
En attendant la levée de ce verrou, Loop Dee Science se positionne sur des marchés aux réglementations plus souples, comme l'Italie, le Marghreb ou les Philippines.