Avant l'accord de sortie qui sera trouvé ou pas, dimanche à Bruxelles lors du Sommet européen. Le Président de région, en visite à Londres s'inquiète des conséquences du Brexit pour la Normandie. Tout cela aura obligatoirement un coût.
On ne compte plus les liens qui unissent la Normandie et l'Angleterre : on ne parlera même pas de Guillaume, des pierres du Bessin qui ont construit les villages du sud de l'Angleterre, ni de la Tapisserie de Bayeux.
Mais regardons les données économiques : sur 500 entreprises étrangères en Normandie, 53 entreprises viennent du Royaume-Uni
- Le Royaume-Uni est le 4ème client de la Normandie pour l’export et 7ème fournisseur pour l’import
- Normandie : 4ème région de résidence des britanniques en France
- Liens privilégiés entre les universités normandes et britanniques
Le président de la région Normandie Hervé Morin a exprimé,ce mercredi 21 novembre 2018, à Londres, son "inquiétude" quant aux conséquences du Brexit, et la mise
en place de nouveaux contrôles, sur l'activité et le trafic des ports normands.
"Notre inquiétude majeure est sur le degré d'anticipation, il n'est probablement pas satisfaisant pour les services vétérinaires", a déclaré Hervé Morin lors d'une
conférence de presse à l'issue d'une visite de deux jours au Royaume-Uni. "Je pense que les douanes ont beaucoup plus anticipé les choses".
Il estime qu'après le Brexit, "40% des poids lourds qui vont arriver dans les ports normands vont faire l'objet de contrôles vétérinaires et phytosanitaires".
Ce matin, @Herve_Morin @RegionNormandie, #PortsNormandsAssociés @lsn_asso rencontrent les acteurs portuaires britanniques @FranceintheUK pic.twitter.com/bRjQiPlmIk
— AD Normandie (@ADNormandie) 21 novembre 2018
Hervé Morin s'alarme des conséquences que ces contrôles pourraient engendrer sur le flux des camions en provenance ou à destination du Royaume-Uni: chaque année, ils sont selon lui 100.000 à transiter par le port de Caen, 50.000 à Cherbourg, 30.000 au Havre, et 10.000 à Dieppe.
La conclusion d'un accord de sortie, objet du sommet européen de dimanche à Bruxelles, pourrait permettre la mise en place d'une période de transition à partir du 30
mars 2019, au lendemain du Brexit, et jusqu'à fin 2020, pour laisser aux entreprises et aux autorités le temps de s'adapter aux nouvelles contraintes réglementaires
engendrées par le retrait britannique.
Mais cette période d'adaptation ne rassure pas entièrement Hervé Morin. "ça nous donne un an et demi de plus, mais un an et demi, c'est très court. Il va y avoir
un effort d'adaptation qui est absolument considérable", a-t-il souligné.
D'autant que la mise en place de cette période de transition dépend de la ratification de l'accord de sortie par le parlement britannique, encore très incertaine, étant
donnée l'opposition de nombreux députés au sein de la majorité conservatrice de la Première ministre Theresa May.
"Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, en cas de Brexit dur le 30 mars, on va avoir une période qui va être extrêmement chaude et difficile", a-t-il
concédé à l'AFP.
Des contrôles de camions qui vont coûter cher
Hervé Morin s'inquiète également de la facture que représentent les aménagements portuaires nécessaires et la mise en place des contrôles, qu'il chiffre "en dizaines
de millions d'euros".
Sur la question de la pêche, qui fait toujours l'objet de discussions entre Londres et Bruxelles, notamment sur l'accès des pêcheurs européens
aux eaux territoriales britanniques, il a demandé qu'un accord puisse être trouvé "rapidement".
"Compte-tenu de la sensibilité du sujet, il est bon qu'assez rapidement on puisse trouver les conditions d'un accord pour éviter que ne se reproduisent les scènes
d'incidents entre pécheurs britanniques et pécheurs français", comme celles qui s'étaient produites à l'automne autour des gisements de coquille Saint-Jacques.