Le géant du lait Lactalis a signé une "convention de fonctionnement" ouvrant la voie à des négociations
Lactalis souhaitait jusqu'alors négocier individuellement avec les producteurs ses futurs contrats laitiers, destinés à remplacer le système des quotas qui encadre actuellement la production laitière.
Mais après plusieurs mois de tensions avec ses éleveurs, le groupe a finalement accepté hier, lundi 16 avril, de reconnaître comme interlocutrice une future organisation de producteurs (OP) agréée dans le cadre d'un décret qui doit être publié prochainement, selon les explications de Franck Guéhennec, coordinateur du groupement de producteurs.
Pour Franck Guéhennec, il faut désormais "travailler à la structuration" de la future organisation de producteurs en attendant le décret qui fixera les conditions de sa création.
"C'est ce que l'on attend avec impatience", a-t-il ajouté.
Les producteurs livrant à Lactalis vont être destinataires de la convention de fonctionnement de la future OP.
Ils auront ensuite jusqu'au 30 avril pour décider s'ils entrent ou non dans ce nouveau groupement.
De dures négociations
De tous les industriels, Lactalis est celui qui s'est montré le plus intransigeant lors des négociations avec les producteurs. Mais finalement, après des mois de bras de fer, le géant du lait a cédé hier.
Le 20 mars, les producteurs de lait livrant le groupe Lactalis, remportant une première manche, annonçaient la reprise des négociations et un report de la date butoir du 31 mars au 30 avril.
Pour en arriver là, il a fallu aller jusqu'à une réunion à la préfecture de Laval (siège de Lactalis, ndlr) en présence notamment du médiateur de la République.
Les négociateurs sont alors tombés d'accord sur un calendrier de quatre réunions jusqu'en avril pour établir la convention de fonctionnement entre le groupe laitier et les producteurs.
Toutes ces réunions se déroulent en présence du médiateur. Du coup, Lactalis est revenu "à de meilleurs sentiments" selon Franck Guéhennec, le coordinateur du groupement de producteurs.
La tension était vive en effet, et depuis plusieurs mois, entre Lactalis, leader mondial des produits laitiers, et les producteurs de lait, encadrés par leur fédération nationale FNPL, branche spécialisée de la FNSEA.
Depuis le début, les producteurs voulaient un contrat-cadre qui se discuterait au niveau de leur groupement avant d'être décliné pour chaque éleveur alors que Lactalis souhaitait conclure des contrats individuels avec chacun de ses fournisseurs.
Début mars le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait appelé Lactalis à "jouer le jeu des contrats laitiers" avec les producteurs tandis que le conseil d'administration de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) lançait une action en justice contre le géant laitier, estimant que certaines clauses de la proposition qui leur est faite sont "préjudiciables".
Les régions Basse-Normandie, Pays de la Loire et Aquitaine avaient de leur côté annoncé la suspension de négociations visant à soutenir des investissements industriels du géant laitier.
Certains industriels, comme Danone et Senoble, ont déjà signé des contrats avec les agriculteurs. Le groupe Bongrain, connu pour ses marques Caprice des dieux ou Elle et Vire, avait lui aussi signé un accord début mars avec ses producteurs, isolant un peu plus le géant Lactalis où les négociations étaient en panne.
Dans la perspective de la fin des quotas laitiers européens en 2015, le gouvernement français a imposé la signature d'un contrat entre les industriels et leurs fournisseurs que sont les producteurs de lait.
L'objectif est de sécuriser les revenus des paysans, secoués en 2009 et 2010 par des crises à répétition en raison d'une baisse des prix du lait.