Le préjudice est estimé à 4 000 euros pour les 28 poches dérobées de 7 kg chacunes.
Les faits se sont déroulés mi-mai. Ce jour-là, la mer ne découvrait que l'estran et les poches de naissains d'huîtres, si précieux pour les ostréiculteurs depuis qu'un virus les attaquent.
Pour juguler les pertes de cette maladie qui ne frappe que les très jeunes huîtres, les ostréiculteurs sont désormais obligés d'acheter le double de naissains en vue d'assurer une production à peu près équivalente à celles d'avant le virus. Il faut donc compter 6 millions d'unités pour assurer une prodcution "normale" sur un parc de 2 hectares d'huîtres.
Autant dire que les naissains valent de l'or.
A raison de 230 unités par poches volées, il y a potentiellement de quoi faire une saison de production sur une petite exploitation.
Car, les soupçons se tournent évidemment vers des professionnels. Ces huîtres qui font entre 0,5 et 4 cm sont impropres à la consommation. Seuls des producteurs peuvent être intéressés par un tel butin.
Circonstance aggravante, comme la maladie est repartie dans le sud-ouest de la France et qu'elle va inexorablement remonter vers nos côtes, un arrêté préfectoral interdit le transfert des naissains dans des parc plus au large, et donc plus sécurisés, du côté d'Asnelles. Il n'y a que les gens du métier pour savoir ces choses-là.
Ce n'est pas la première fois que des vols ont lieu sur les tables de Grandcamp. Mais d'ordinaire, ils se font plutôt à la fin de l'année sur des huîtres consommables.
Les vols de juvéniles sont un phénomène plus récent. L'an passé, un autre producteur s'est fait voler 1 million d'unités.
Si l'on sait qu'il faut trois ans pour amener une huître à maturité, à raison de 4,50 euros le kilos, on comprend tout de suite la perte que représentent ces vols pour les producteurs.
Au reste, Jérôme Caillouey, joint par téléphone ce matin, est persuadé que le voleur a été dérangé et qu'il s'apprêtait à emporter encore plus de poches.
Dans son malheur, l'ostréiculteur se console en expliquant que ce jour-là, la mer ne se retirait pas beaucoup et ne découvrait donc pas énormément de tables.
Ça peut toujours être pire dans la vie, mais entre les vols de Noël, le virus qui tue les naissains, une vague de cambriolages dans les bâtiments et maintenant, des vols de naissains, "ça devient lassant" pour les ostréiculteurs qui n'ont d'autres choix que de s'organiser pour surveiller leurs exploitations, même en cette période de l'année, sensée être plus calme.