Après un an de lutte, les producteurs de lait ont fini par s'entendre le 16 avril avec le géant laitier.
Comme nous l'écrivions hier, après de longs mois de bras de fer, les producteurs de lait ont fini par faire plier Lactalis. Le n°1 mondial des produits laitiers accepte désormais de négocier ses futurs contrats avec un groupement de producteurs et non plus individuellement.
Une belle victoire pour les 14 500 éleveurs français qui fournissent Lactalis, collectant 5 milliards de litres de lait.
En Basse-Normandie, c'est un tiers de la collecte de lait qui approvisionne les usines du groupe lavallois (Lactel, Président, Galbani).
Reste à savoir maintenant dans quelles conditions les futurs contrats seront conclus car l'enjeu est de taille.
Aux termes de la loi de modernisation de l'agriculture de Bruno Le Maire, adoptée en 2010, il s'agit en effet ni plus ni moins de préparer la fin des quotas laitiers prévue en 2015.
La convention de fonctionnement entre Lactalis et les producteurs "a été validée, sous l'autorité du médiateur des relations commerciales agricoles, dans le respect des liens directs, historiques et indispensables avec les producteurs", a précisé hier l'industriel dans un communiqué.
"Sur l'ensemble des points en discussion, le groupe Lactalis a apporté des réponses de nature à rassurer l'ensemble des producteurs sur les modalités de collecte et d'achat du lait", a ajouté le groupe.
Les producteurs livrant à Lactalis vont être destinataires de la convention de fonctionnement de la future Organisation de Producteurs (OP) et pourront choisir d'ici le 30 avril d'intégrer ou non la future structure.
"Le contrat proposé par Lactalis, l'un des plus aboutis de la profession, va faire référence avec des signes distinctifs forts tels la libre cessibilité du contrat, l'absence de prix différenciés sur les volumes, la non mensualisation imposée des livraisons et le règlement des fournitures de lait en deux versements mensuels", a assuré le géant du lait.
Les contrats signés entre industriels et producteurs doivent être d'une durée minimale de cinq ans afin d'assurer des débouchés aux éleveurs. S'ils sont fixes sur la durée, ces contrats peuvent être modulables sur les volumes et sur les prix. Une disposition qui ne sera pas neutre après la disparition des quotas, selon les producteurs indépendants de l'APLI, qui craignent, comme en Suisse, une surproduction générée par les industriels afin de faire baisser les prix.
Un décret entérinant la création des organisations devrait être publié prochainement.
OP locales et associations d'OP régionales pourraient coexister. En attendant, il faut "travailler à la structuration" de ces futures organisations de producteurs, estime Franck Guéhennec, coordinateur du groupement de producteurs de Lactalis. "C'est ce que l'on attend avec impatience", a-t-il ajouté.
La direction de Lactalis et les producteurs ont convenu "de programmer une réunion avant le 15 septembre prochain pour faire le point", a annoncé par ailleurs dans un communiqué le médiateur des relations commerciales agricoles.
Passé la date butoir, les producteurs ne pourront plus signer d'accord avec les industriels.