L'homme d'affaire franco-libanais l'a annoncé lui-même ce mardi à sa sortie du pôle financier.
Une mise en examen par les juges instruisant le volet financier de l'affaire Karachi pour blanchiment aggravé.
Dans une déclaration à la presse à l'issue de son audition, il a dénoncé "un acharnement ridicule" de la justice.
"Ma mise en examen est inconstitutionnelle et je ne répondrai plus aux convocations des juges", a-t-il déclaré à sa sortie du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris ce mardi.
Ziad Takieddine a été mis en examen une première fois en 2011 pour complicité et recel d'abus de biens sociaux et faux témoignage dans cette même affaire.
Les juges Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke ont obtenu l'élargissement de leur enquête à de possibles faits de blanchiment aggravé de 1993 à mars 2012.
Les juges enquêtent notamment sur des mouvements bancaires jugés suspects, révélés par des commissions rogatoires menées en France et à l'étranger.
"Il existe contre M. Takieddine et tous autres des indices graves et concordants d'avoir commis des faits de recel d'abus de biens sociaux aggravé par l'habitude, et de blanchiment aggravé par l'habitude, de 1993 à ce jour", ont-ils écrit dans leur demande au parquet.
"Allez chercher ailleurs", a lancé l'homme d'affaire à l'adresse des magistrats instructeurs.
L'avocate de Ziad Takieddine, Me Samia Maktouf, estime quant à elle que la décision du parquet d'élargir l'enquête est "entachée de nullité" car elle "vise des faits supposés de blanchiment antérieurs à la loi de 1996", c'est-à-dire avant la création du délit de blanchiment. Elle a dénoncé, dans un entretien à l'AFP, "une procédure inique et un acharnement" contre son client.
"Les juges évitent de chercher là où se trouve" le détournement d'argent, a de son côté déclaré Ziad Takieddine ce mardi, tout en jugeant par ailleurs suspect que sa convocation ait eu lieu entre les deux tours de l'élection présidentielle.
Rappelons que Gilles Sanson, ancien salarié de la DCN-Cherbourg et l'un des survivants de l'attentat de Karachi, a demandé que Claude Guéant, ministre de l'intérieur, et Bernard Squarcini, patron du renseignement intérieur, soient auditionnés en qualité de témoins dans le volet financier de l'affaire.
Dans son livre "L'ami encombrant", Ziad Takieddine évoque une relation d'amitié avec le ministre de l'intérieur. Les deux hommes se seraient rencontrés en 2003, quand Nicolas Sarkozy occupait la fontion de ministre de l'intérieur. Me Marie Dosé, l'avocate de Gilles Sanson, souhaite que Claude Guéant soit entendu sur ce point.