Législatives 2022 - Qui sont les nouveaux députés normands ?

Sur les 28 députés normands élus ce dimanche soir, une dizaine vont faire leur entrée pour la première fois cette semaine au Palais Bourbon. Qui sont ces nouveaux élus ?

Ils seront 28 à représenter la Normandie durant les cinq prochaines années à l'Assemblée nationale. Pour plusieurs d'entre eux, ce sera une première. Si de nouveaux visages (souvent sous la bannière de la Nupes) ont émergé dans chaque département, c'est l'Eure qui a envoyé le plus de novices (la plupart issus du Rassemblement National) au Palais Bourbon, la totalité des députés sortants n'ayant pas été reconduits. Découvrez-ci dessous les nouveaux députés normands.

Un député de plus pour la majorité présidentielle dans le Calvados

Avec son élection dans la troisième circonscription (Falaise- Lisieux), la "majorité" présidentielle compte désormais un député de plus dans le Calvados. Jérémie Patrier-Leitus n'est toutefois pas membre du parti présidentiel Renaissance (ex LREM) mais d'Horizon, la formation créée par l'ancien premier ministre Edouard Philippe (il est responsable du comité Horizons Lisieux-Normandie). Comme le maire du Havre, il a participé à la campagne d'Alain Juppé à la primaire de 2017 (il a intégré le cabinet d'Alain Juppé en 2011 au Quai d'Orsay après des études d'économie). Et a rallié Emmanuel Macron quelques semaines avant l'élection présidentielle.

Âgé de 33 ans, il était jusqu'à présent le directeur de la communication de l'établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame de Paris. Durant la campagne, il s'est défendu de toute accusation de parachutage, arguant d'un enracinement familial dans le Pays d'Auge "depuis plusieurs générations". Jérémie Patrier-Leitus s'est installé à Lisieux en 2020.

Arthur Delaporte, le socialiste qui monte dans le Calvados

Dans le Calvados, Arthur Delaporte est le socialiste qui monte. Ce dimanche soir, ce professeur agrégé d'histoire de 30 ans, issu d'une famille d'enseignants, a franchi un nouveau palier dans sa carrière politique en se faisant élire député de la deuxième circonscription du Calvados. Après des études à l’École normale supérieure (ENS) de Lyon et Sciences Po Paris, le jeune homme originaire de Cambes-en-Plaine s'est formé à la politique auprès de Yann Galut, député socialiste du Cher, puis a intégré le bureau national du parti à la rose. Après la déconfiture de 2017 (il rédigea d'ailleurs sa thèse sur la recomposition du PS) il retourne dans le Calvados et se présente pour la première fois à une élection, le scrutin des départementales en 2021.

Une première élection et un premier échec qui ne freine pas pour autant l'ascension de cet historien. Depuis septembre dernier, il est le premier fédéral du PS dans le Calvados. Il bénéficie du soutien de plusieurs figures locales du parti, Laurence Dumont dont il briguait la succession et qui était sa suppléante, mais aussi Louis Mexandeau, patriarche des socialistes caennais et ancien ministre de François Mitterrand.

Avec Anna Pic, la circonscription de Cherbourg retourne à gauche

En 2017, la quatrième circonscription, représentée durant quinze ans à l'Assemblée nationale par le socialiste Bernard Cazeneuve, avait succombé à la vague macroniste avec l'élection de Sonia Krimi. Cinq ans plus tard, Anna Pic permet à la gauche de reprendre ce siège au Palais Bourbon. Si la députée native de Cherbourg fera ses débuts dans quelques jours à l'Assemblée nationale, elle est loin d'être une novice en politique.

Encartée au Parti Socialiste depuis 2006, elle est devenue la patronne de la fédération de la Manche en 2018. Cette conseillère principale d'éducation (CPE), aujourd'hui âgée de 44 ans, a été élue pour la première fois en 2014 à Cherbourg puis a décroché un mandat de conseillère départementale en 2015 avant de siéger à la Région à partir de 2021 (elle était tête de liste) . Entre temps, elle est devenue en 2020 l'une des adjointes au maire de Cherbourg-en-Cotentin, Benoît Arrivé, (elle est en charge de la vie associative et des relations internationales) et l'une des vice-présidentes de la communauté d'agglomération. 

Deux "nouvelles" têtes pour la 6ème circonscription du Calvados

C'est la circonscription sur laquelle tous les projecteurs étaient braqués, et pas seulement en Normandie. Pour sa toute première élection, Elisabeth Borne a choisi le bassin virois. Un choix dicté par un enracinement familial dans le Calvados, que n'a cessé de rappeler la candidate durant la campagne (son grand-père maternel a notamment été maire de Livarot durant plusieurs années). Un choix dicté également (et surtout ?) par des considérations politiques et stratégiques pour celle qui fit campagne avec un double casquette : candidate et cheffe du gouvernement. L'ancienne circonscription d'Alain Tourret (très confortablement réélu en 2017 sous l'étiquette LREM avec 68% des voix) était un territoire peu risqué pour un premier ministre souhaitant rester à Matignon. Une hypothèse confirmée par le résultat de ce dimanche soir même si le résultat a sans doute été moins flamboyant qu'espéré avec moins de cinq points d'écart avec son jeune adversaire de la Nupes, Noé Gauchard.

Comme les Jedi, les candidats aux législatives marchent toujours par deux. Et c'est encore plus vrai dans la sixième circonscription du Calvados puisque la première ministre a répété à plusieurs reprises durant la campagne que c'est son suppléant, Freddy Sertin, qui siègerait en cas de victoire. Cet homme de 42 ans, père de trois enfants, est un Virois pure souche. Après des études en logistique et achat, il retourne dans sa ville natale en 2006 pour travailler au sein du groupe Stef, entreprise locale emblématique, puis devient responsable des achats immobiliers en Normandie pour La Poste Immo, durant trois ans et demi. Il quitte le monde de l'entreprise pour celui de la politique en 2014 quand il devient le directeur de cabinet du maire de la ville, Marc-Andreu-Sabater (après s'être investi dans la campagne des municipales). Depuis 2018, il est le directeur de la clinique Vire-Normandie. En début d'année, il a rejoint le parti d'Edouard Philippe, Horizon.

Dans l'Orne, Chantal Jourdan élue députée pour la première fois sous son nom

Chantal Jourdan (PS-Nupes) n'est pas tout à fait une nouvelle tête à l'Assemblée nationale. La député sortante de la première circonscription de l'Orne a été réélue dimanche soir de justesse (50,20% des voix) face à la candidate de la majorité présidentielle Marie-Annick Duhard. Mais c'est la première fois qu'elle gagne son siège de député sous son nom. Elle était depuis 2007 la suppléante de Joaquim Pueyo. Quand ce dernier a regagné la mairie d'Alençon en 2020, il lui a laissé sa place au Palais Bourbon.

Psychologue de profession, la candidate de 64 ans a connu une campagne compliquée. Plusieurs partenaires de la Nouvelle union populaire écologique et sociale lui ont retiré leur soutien. EELV et surtout LFI lui ont reproché de ne pas faire assez référence au programme de la Nupes dans sa profession de foi. Face à ces accusations, la candidate socialiste a revendiqué sa liberté de parole et son indépendance, notamment sur les questions européennes. Chantal Jourdan a été maire de la commune de Champsecret de 2008 à 2014. Elle s'est également présentée à deux reprises aux élections cantonales et départementales dans l'Orne sans succès.

Alma Dufour, l'activiste dans l'ancien fief fabiusien

Arrivée il y a 6 mois en Seine-Maritime (notamment pour militer contre l'implantation d'un entrepôt géant d'Amazon) cette ancienne activiste parisienne a mené campagne comme candidate LFI-NUPES dans la 4e circonscription la Seine-Maritime, l'ancienne circonscription de Laurent Fabius. Alma Dufour est élue avec 53,7 % des suffrages.

Après avoir battu au premier tour la députée sortante de la majorité présidentielle (Sira Sylla), elle a battu au second tour le candidat du Rassemblement National Guillaume Pennelle,.

Marie-Agnès Poussier-Winsback, l'ancienne LR désormais nouvelle Horizons

Maire de Fécamp, elle est aussi, aux côtés d'Hervé Morin, la vice-présidente du Conseil régional de Normandie en charge du tourisme. Après avoir avoir soutenu Valérie Pécresse à l'élection présidentielle, elle s'est présentée aux élections législatives dans la 9e circonscription de la Seine-Maritime comme candidate de la majorité présidentielle sous l'étiquette "Horizons", le parti du Havrais ("son voisin") Edouard Philippe.

Elle a été élue avec 50,84 % des suffrages. En raison du non cumul des mandats, elle va devoir abandonner très prochainement son fauteuil de maire.

Christine Loir, la débutante RN dans le fief de Bruno Le Maire

Agée de 45 ans, cette mère de trois enfants, auxiliaire de vie diplômée indépendante à Verneuil-sur-Avre et d'Iton était candidate du Rassemblement National dans la 1ère circonscription de l'Eure, l'ancienne circonscription de Jean-Louis Debré et de Bruno Le Maire. Elle s'est présentée devant les électeurs en précisant qu'elle n'était pas "un personnage politique de métier, mais sensible aux problématiques qui contrarient la vie des gens."

Elle a été élue avec 50,6 % des suffrages, battant la députée sortante Séverine Gipson. Christine Loir a été la première étonnée de cette élection : "Je ne pensais pas être élue, car en face de moi j'avais madame Gibson, et madame Gibson, c'est Bruno Le Maire et Bruno Le Maire c'est quand même un personnage ! Donc, oui, je suis surprise !"

Katiana Levavasseur, une "petite main" qui crée la surprise

C'est l'autre nouvelle députée euroise du Rassemblement National. Candidate dans la 2e circonscription de l'Eure, cette agent de maintenance au Neubourg a été élue avec 51,1 % des suffrages, battant Fabien Gouttefarde, le député sortant de la majorité présidentielle.

A l'annonce des résultats définitifs, encore émue et surprise de son élection, elle confiait que son premier projet de loi idéal serait une loi pour défendre "l'emploi des petites mains de France, qui comme moi se lèvent de bonne heure le matin, et qui sont rémunérées à 10 euros brut…"

Kévin Mauvieux, le candidat du pouvoir d'achat du monde rural

Cet habitant de Pont-Audemer (où il est conseiller municipal d'opposition) était candidat du Rassemblement National dans la 3e circonscription de l'Eure. Il a été élu avec 54,1 % des suffrages, battant Marie Tamarelle-Verhaeghe, la député sortante de la majorité présidentielle. Kevin Mauvieux, qui a fait campagne comme défenseur de "la ruralité face au parisianisme des députés d'Emmanuel Macron" est l'un des quatre nouveaux députés RN de l'Eure.

Au lendemain du second tour, il devait rencontrer son employeur pour envisager de démissionner afin de se consacrer à plein temps à son nouveau métier pour les cinq prochaines années.

Philippe Brun, le seul PS-NUPES de l'Eure

Philippe Brun a fait campagne dans la 4e circonscription de l'Eure en tant que candidat du rassemblement à gauche et seul socialiste de l'Eure de la NUPES. Après la surprise de l'élimination au premier tour du député sortant de la majorité présidentielle Bruno Questel, il était arrivé en deuxième position derrière la candidate du Rassemblement National.

Philippe Brun est finalement élu avec 54,4 % des suffrages. Il devance de seulement 348 voix la candidate RN. Après l'annonce des résultats il exprimait sa satisfaction : "c'est un grand honneur pour moi, à 30 ans, de devenir député dans la circonscription qui était celle de Pierre Mendès France."
Il a aussi déclaré prendre conscience de "la responsabilité de quelqu'un qui arrive dans une assemblée où il n'y a jamais eu autant de députés du rassemblement national. Je crois que cela implique, pour nous les jeunes députés, de peut-être changer les pratiques, d'être davantage sur le terrain, pour vaincre ce que je considère comme un parti xénophobe et extrémiste." 

Timothée Houssin, le jeune pro du RN dans le fief de Sébastien Lecornu

Son nom n'est pas inconnu des électeurs normands. Candidat à de nombreuses scrutins en Seine-Maritime et dans l'Eure, le militant du Front National (ancien attaché parlementaire du député européen Nicolas Bay) est devenu le "patron" du Rassemblement National de l'Eure. Candidat dans la 5e circonscription euroise, il affrontait un proche de Sébastien Lecornu : le maire de Vernon François Ouzilleau, le candidat de la majorité présidentielle choisi à la place de la députée sortante LREM Claire O'Petit (qui n'étant pas investie, avait décidé de ne pas se représenter).

Elu avec 50,6% des suffrages Timothée Houssin a créé la surprise en battant (avec moins de 500 voix d'écart) le candidat soutenu par le ministre des Armées. Visiblement ému et doutant même du résultat pendant une trentaine de minutes, le cadre du RN de l'Eure a commenté son élection en évoquant "une immense victoire. C'est la concrétisation pour moi de 15 ans de militantisme. C'est une grande satisfaction."

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