Manche : l'éclat d'obus et la belle histoire d'amour du dernier fusilier marin de Bir Hakeim

Il s'étonne presque qu'on vienne jusqu'à lui, dans la Manche, si longtemps après. Le 11 juin 1942, Paul Leterrier fut pourtant de cette poignée d'hommes de la France Libre qui firent plier à Rommel dans le désert libyen. Son témoignage fait aujourd'hui l'objet d'un livre.

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Longtemps après, quand sont venus les jours paisibles de la retraite, il a commencé a écrire le journal de sa guerre, à l'intention de ses petits-enfants, pour le cas où l'un d'eux s'intéresserait à son destin pas tout à fait ordinaire. Patiemment, il a donc ressorti ses souvenirs, ses photos, et son éclat d'obus. Et puis un beau jour, un jeune historien a frappé à la porte de sa maison. Benjamin Massieu effectuait des recherches sur les fusiliers marins. "Je me suis souvenu qu'un ancien de Bir Hakeim était venu dans mon lycée". Il a eu envie de le retrouver.

Paul Leterrier habite à Digosville, dans le Cotentin, face à la mer. Normal pour quelqu'un qui a toujours eu l'appel du large. À quinze ans, le petit Havrais était déjà un jeune mousse sur les paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique. Après la débâcle de juin 1940, le marin se fait la belle :  il décide de rejoindre le général de Gaulle. Au Liban, Paul Leterrier s'engage dans le 1er bataillon de Fusilier marin. "On dit qu'on est des héros. Peut-être... Mais on n'a fait que ce qu'on avait à faire, et ce que n'ont pas fait la majorité des Français qui pouvaient aussi le faire".



Un éclat d'obus conservé depuis 76 ans


C'est ainsi que la petite histoire a rencontré la grande, et que le petit Normand s'est fait héros, par la force des choses. Avec son unité, il s'est retrouvé encerclé à Bir Hakeim, dans un désert libyen chauffé à blanc, par un ennemi plus nombreux, et bien mieux armé. Entre le 26 mai et le 11 juin, les troupes du général Koenig ont courageusement résisté aux assauts de la redoutable Afrika Korps du général Rommel. Les livres d'Histoire retiennent que cet acte de bravoure permit aux troupes anglaises de triompher plus tard à El Alamein, dans ce qui fut le tournant de la guerre.

Paul Leterrier se souvient surtout de la chaleur, du sable, de la soif, et de cet ennemi plus impressionnant que terrifiant : "une colonne de blindés qui vous fonce dessus, c'est un spectacle sensationnel à voir !". Son témoignage est aujourd'hui publié aux éditions Pierre de Taillac. C'est un récit précis de ces heures qui l'ont marqué dans sa chair. Le 9 juin, un éclat d'obus brûlant vient se ficher dans sa cuisse. L'acier "grésille comme un morceau de beurre dans une poêle à frire". Paul Leterrier parvient à l'arracher en se brûlant les doigts, et le glisse dans sa poche. Ce morceau d'acier l'a suivi partout, comme souvenir d'un temps où son insouciance valait bien un blindage : "ii on se disait qu'on allait se faire descendre, c'était être pessimiste. Or on était des optimistes. On faisait la guerre de bon coeur".

Reportage de Rémi Mauger et Thierry Cléon


En mission de consolation depuis 72 ans

Avec quelques camarades, il parvient à traverser les lignes allemandes en profitant de la brume. Sa jambe le fait souffrir. Le petit groupe marche dans le désert, au jugé. "Nous n'avions pas de boussole, mais curieusement, j'en avais une dans la tête, comme les pigeons voyageurs, et ça m'a souvent rendu service". Ils tombent miraculeusement sur des soldats anglais. Les voilà sauvés. Mais bien d'autres ont laissé la vie sur ces étendues désolées.

Est-ce sa fameuse boussole qui un jour l'a conduit vers Nantes ? Ou le hasard du destin ? À la Libération, Il est envoyé en "mission de consolation" dans la famille de Charles Régereau, son meilleur ami tué par un officier allemand. C'est là qu'il rencontre Marianne, la soeur cadette du frère d'armes. Son séjour de consolation se prolonge. "Cela fera soixante-douze ans cette année", sourit Marianne. Ils se sont mariés en 1946. Paul ajoute, l'oeil malicieux : "Mais j'ai toujours l'ordre de mission !"

 

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