Elles sont un peu les gardiennes des marais du Cotentin. Les portes à flot régulent le niveau d'eau et empêchent la mer de submerger la zone. Certaines d'entre elles viennent d'être déplacées plus en aval sur la Taute pour gagner du terrain constructible.
Elles font un peu partie du patrimoine et façonnent, à leur manière, le paysage et donc la vie des hommes qui y vivent. Sans elles, "on reviendrait à comme c'était bien avant la révolution où tout le marais était innondé", explique Gérard Voydie, président de l'union des associations syndicales du bassin de la Vire, "On ne peut pas revenir jusque là parce qu'il y a des secteurs où il y a des habitations et on ne peut pas laisser les gens comme ça avec de l'eau qui pourrait remonter". Les portes à flots, d'immenses portes de bois posées sur les cours d'eau, se referment quand le mascaret s'engoufre dans les terres, empêchant ainsi la mer de conquérir l'espace des hommes.
Mais dans cette guerre séculaire, ces derniers ont décidé de regagner du terrain. De nouvelles portes à flots viennent d'être posées ce lundi 18 septembre plus en aval, sur la Taute, le long de la RN 13. "Si les portes à flots sont déplacées, le risque d'innondation par la mer est déplacé et donc ça permet une réurbanisation", explique Jean-Pierre Lhonneur, maire de Carentan-les-marais. La commune pourrait ainsi récupérer des terrains rendus inconstructibles suite au plan de submersion marine établi par l'Etat après la tempête Xynthia, comme la friche industrielle Gloria. Cet investissement sur le long terme a un coût: 850 000 euros.
Reportage de Sylvain Rouil, Laïla Agorram et Suzana Nevenkic
Intervenants:
- Gérard Voydie, président de l'union des associations syndicales du bassin de la Vire
- Yannick Bayle, charpentier
- Hubert Gervaise, conducteur de travaux aux ateliers Aubert Labansat
- Joël Hervieu, charpentier en chef des ateliers Aubert Labansat
- Jean-Pierre Lhonneur, maire de Carentan-les-marais