Le quotidien Le Monde a eu accès au témoignage d'un ancien agent de la DST, un témoignage récemment déclassifié par le ministre de l'Intérieur. Ce dernier confirme que les services français ont bien enquêté sur un cheikh saoudien dirigeant un réseau d'intermédiaires sur les marchés d'armement.
Pendant longtemps, la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) a officiellement défendu la thèse d'un attentat perpétré par la mouvance Al-Quaïda. En 2008, le rapport "Neptune", un rapport confidentiel commandé par la DCN en 2002, fuite et évoque une autre piste, celle d'une vengeance liée à l'arrêt des commission dans le cadre de la vente de sous-marins au Pakistan. Jusqu'à présent, les magistrats instructeurs en charge du dossier s'étaient toujours vus opposer le secret-défense à leurs requêtes (auditions ou demande de notes) auprès du service de renseignement français.
En mai dernier, Bernard Cazeneuve en déplacement à Cherbourg, pour assister à une cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat, avait indiqué que "un autre chemin a été trouvé". Le 6 mai dernier, le juge Marc Trevidic a envoyé au ministère de l'Intérieur des questionnaires destinés à cinq témoins. Le 23 octobre dernier, Bernard Cazeneuve les a déclassifiés. Parmi ces témoignages, le plus intéressant semble être celui d'un certain "Verger", un ancien agent de la DST.
Selon nos confrères du Monde, il confirme que la DST a bien enquêté sur Ali Ben Moussalem. Ce cheikh saoudien était à la tête d'un réseau d'intermédiaires dans la vente d'armement, un réseau dont faisait partie l'homme d'affaire franco-libanais Ziad Takieddine. Il serait le personnage clé du dossier: avec l'arrêt des commissions, il aurait perdu 120 millions d'euros.
L'article du Monde indique que "Le témoignage de Verger ne suffit pas à étayer le mobile financier de l’attentat" mais "confirme en revanche que le renseignement intérieur a bien observé des transactions entre Ben Moussalem et des membres du gouvernement Balladur dans les années 90".
Les magistrats en charge de l'instruction avaient déjà eu connaissance de l'existence du cheikh Ali Ben Moussalem lors de l'audition d'un correspondant de la DST, Gérard Willing. Le service de renseignement avait toujours contesté ce témoignage. Le quotidien Le Monde révèle que Verger, dont le témoignage vient d'être déclassifié, était l'officier traitant de Gérar Willing.
Lire l'article de nos confrères du Monde sur l'attentat de Karachi