Le gouvernement a officialisé cet été un plan d'économie de 57 millions d'euros sur quatre ans dans les Centre d'hébergement et de réinsertion sociale. Ces structures, comme Le Cap à Cherbourg, se retrouvent dés cette année en grandes difficultés et craignent de ne plus pouvoir remplir leur mission.
Dés le mois de mars, plusieurs associations (comme la Croix-Rouge, Emmaüs ou l'Armée du salut) ont adressé un courrier commun pour interpeller le premier ministre sur le plan d'économie que comptait imposer le gouvernement aux Centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS): 57 millions d'euros sur 4 ans, dont 20 millions dés cette année. "Cette mesure pourrait conduire à la fermeture de plus d’un millier de places d’hébergement et à la suppression de plusieurs centaines de postes d’intervenants sociaux qui travaillent quotidiennement auprès des plus exclus", estimaient les signataires de cette lettre. Au coeur de l'été, en plein mois de juillet, ce plan est devenu une réalité.
Depuis plus de 30 ans, le Centre d'hébergement et de réinsertion sociale de Cherbourg (le CAP) héberge et accompagne dans leur réinsertion des personnes en grandes difficultés. Ce jeudi, personnels, bénéficiaires et élus se sont rassemblés pour protester contre cette baisse budgétaire qui fragilise la structure et ce dés cette année: le budget 2018 est amputé de 77 000 euros."On va finir dans le rouge sans qu'on puisse y faire grand chose", déplore Stéphane Malherbe, le directeur de l'établissement, "Le personnel va être impacté, on va procéder à des licenciements économiques, c'est évident." Selon Patrice Martin, délégué syndical (CFDT), deux suppressions de postes seraient envisagées dés cette année.
"Notre travail, c'est de s'inscrire dans le temps long"
Le CAP emploie 18 personnes pour les deux sites qu'il gère: l'un à Cherbourg, de 33 places, l'autre à Avranches, de 25 places, pour les femmes victimes de violences. L'an dernier, ce sont 91 personnes qui ont été prises en charge dans le nord-Cotentin et 43 dans le Sud-Manche, sans compter l'hébergement d'urgence qui ne constitue pas le coeur d'activité de cette structure. "Notre travail, c'est de s'inscrire dans le temps long", explique Patrice Martin, "Quelqu'un qui est grandement précarisé, il ne suffit pas simplement de lui assurer un logement pour résoudre ses difficultés." La durée moyenne de séjour est de 8 mois.Ce plan d'économie découle d'une réforme de la tarification. Un coût moyen d'une place a été défini au niveau national. De ce coût découle ensuite le budget accordé aux CHRS. "C'est une méconnaissance totale du travail que font les professionnels dans les CHRS et une méconnaissance totale du public qu'on accueille. C'est une vision purement financière des choses avec une tentative d'uniformiser les coûts à la place", estime le directeur du Cap, "On ne peut pas comparer un CHRS de 250 places avec des unités comme les notres. On a des coûts qui sont en effet supérieurs mais il y a un effet de seuil."
Pour le Cap, les économies demandées sur quatre ans avoisinent les 150 000 euros, soit à terme une baisse de 17% de son budget. Pour Stéphane Malherbe, le directeur du Cap, c'est l'accompagnement des bénéficiaires qui va en pâtir et à terme leur réinsertion. "Si on a plus personne pour les aider à faire leurs démarches, ils devront faire appel à des travailleurs sociaux extérieurs et ça prendra beaucoup plus de temps, avec sans doute de la lassitude qui va émerger et des gens qui baisseront les bras."