A Cherbourg, Naval Energies noient les ambitions françaises dans l'hydrolien

Naval Energies, un des leaders industriels du secteur de l’hydrolien, a décidé de stopper ses investissements faute de soutien de l’Etat. L’entreprise venait pourtant d’inaugurer sa première usine à Cherbourg il y a un mois et demi.

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Jeudi 14 juin dernier, la toute première usine de fabrication d’hydrolienne était inaugurée en grande pompe sur le port Cherbourg dans le nord Cotentin.

Ce site de 5 500 m2 devait permettre de construire une hydrolienne toute les deux semaines, soit vingt-cinq par an. I

Mais déjà en juin, la fête était ternie par les menaces qui pesaient sur le secteur. Naval Energies, filiale de Naval Group (ex DCNS), indiquait, comme d’autres industriels, que la viabilité du domaine hydrolien était conditionné au soutien public.

Or dès le début le gouvernement était timoré sur ce projet. Le jour de l’inauguration, le président de la Normandie, Hervé Morin avait déclaré à notre micro :
 

Nicolas Hulot m’a dit : « je ne suis pas convaincu et je n’ai pas la démonstration que cette filière là est viable ». Il y a quand même quelque chose d’assez ahurissant. Les Japonais y croient, les Canadiens y croient, et nous, qui avons la première usine d’assemblage au monde, en Normandie et en France, nous n’y croirions pas ?

 

Remous dans la filière hydrolienne


Les hydroliennes, turbines sous-marines qui transforment les courants marins en électricité, suscitent depuis de nombreuses années l'espoir d'une source d'énergie propre, sans les nuisances visuelles causées par les éoliennes.

La France dispose au large de la Manche, à une demi-journée de Cherbourg, dans le raz Blanchard, du deuxième courant marin le plus puissant au monde et de nombreux autres "gisements" au large de ses côtes.

Naval Energies, qui a déjà investi 250 millions dans la filière depuis 2008, a évoqué un "décalage entre l'offre technologique et la demande du marché" et dénoncé "le système de subventions qui n'apporte pas d'aides directes aux constructeurs", ne permettant pas à l'industrie de "financer seule" le développement de ce secteur.

Selon l’entreprise l'absence de soutien public à ces technologies dont le coût était jugé trop élevé, a noyé le projet. L’Etat n’ayant émis aucun appel d’offre.


Le reportage de Stéphanie Potay:
 

 
Intervenant: Laurent Schneider-Maunoury, Président de Naval Energies

Colère des élus locaux


La construction de l'usine, qui représentait un investissement de 10 millions d'euros financé en partie par les collectivités locales, avait démarré en juillet 2017. Avec seulement deux commandes fermes d'hydroliennes (au Japon et Canada), le site tournait au ralenti avec juste une poignée de salariés.
           
"Nicolas Hulot a tué une filière d'avenir pour les énergies marines renouvelables. C'est tout de même un comble pour un ministre qui se veut écologiste", a accusé Benoît Arrivé, maire de Cherbourg-en-Cotentin.

Dans un communiqué commun la région Normandie, le département de la Manche, l’agglomération et la mairie de Cherbourg ont déclaré regretter cette décision:
 

" Elle illustre une fois de plus l’incapacité de l’Etat à porter dans la durée une stratégie industrielle : la stratégie hydrolienne de Naval Group a été lancée sur incitation de l’Etat et après des investissements lourds opérés par l’Etat lui-même et les collectivités locales. Les retards, les hésitations puis le silence de l’Etat ont eu raison de ce grand chantier "


Une centaine de collaborateurs principalement en Irlande, et 9 salariés à Cherbourg, sont concernés par l'arrêt de l'activité hydrolienne. Mais c’est toute la filière qui est fragilisée.


Les réactions après l'annonce de Naval Energies:


Intervenants: Benoît Arrivé, maire de Cherbourg en Cotentin / Marc Lefèvre,  président du Conseil départemental de la Manche / Philippe Lemong Union interprofessionelle CFDT pays du Cotentin / Vincent Hurel secretaire de la section CGT Arsenal
 
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