Le salon des énergies marines renouvelables s'acheve avec l'inauguration sur le port de Cherbourg de l'usine d'hydroliennes de Naval Energies. L'entreprise produira ses premières turbines pour le Japon et le Canada. Le développement de la filière reste suspendu aux décisions gouvernementales.
Naval Energies, filiale de Naval Group (ex-DCNS), a inauguré jeudi à Cherbourg une usine d'assemblage d'hydroliennes, turbines sous-marines qui transforment les courants en électricité, malgré les doutes de l'Etat sur cette technologie.
"Nous sommes aujourd'hui à l'aube d'une nouvelle ère", s'est félicité le commissaire européen à l'Environnement Karmenu Vella lors de la cérémonie. Le ministre irlandais de l'Environnement Denis Naughten a évoqué "un jour historique". OpenHydro, filiale de Naval Energies spécialisée dans l'hydrolien, est basée à Dublin.
Cherbourg se trouve à moins d'une demi-journée du raz Blanchard, deuxième courant le plus puissant au monde, "une mine d'or", relativement proche des côtes et donc moins cher à exploiter que l'Ecosse, où est expérimenté l'hydrolien actuellement, a affirmé à l'AFP Drew Blaxland, directeur des turbines de la société britannique Atlantis, numéro un mondial de cette technologie, en marge d'un salon international des énergies marines renouvelables (EMR) à Cherbourg.
Seules six personnes travaillent dans cette usine de 5.500 m2 dont l'effectif doit monter à 20 d'ici fin août, puis à une bonne quarantaine si la pleine capacité de 25 turbines par an est atteinte, a indiqué Frédérick Lelarge, son directeur. En 2016, DCNS parlait d'une centaine de personnes. Pour l'heure, l'usine n'a que deux hydroliennes en commandes fermes, l'une pour le Japon, l'autre pour le Canada.
L'Etat a donné en 2017 son feu vert à EDF et Naval Energies pour l'implantation de sept hydroliennes de 16 mètres de diamètre pour 300 tonnes (sans l'embase de gravité) dans le raz Blanchard. Naval Energies évoquait jeudi un raccordement "à l'horizon 2020". Mais "si l'Etat ne lance pas dans de brefs délais les appels d'offres commerciaux, l'ensemble de la filière (hydrolienne) va s'arrêter", a déclaré jeudi le président de Naval Energies, Laurent Schneider-Maunoury.
L'usine a coûté 10 millions d'euros financés par la Shema, société d'économie mixte dont sont actionnaires des collectivités locales normandes. Naval Energies en est locataire.Mais "les coûts de production des hydroliennes (...) apparaissent très élevés, même à long terme et même par rapport à l'éolien offshore", a estimé mercredi le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot.
Naval Energies n'a actuellement plus qu'une machine à l'eau, en Ecosse, Atlantis quatre. Les deux industriels assurent que les prix de l'hydrolien peuvent baisser comme ceux du solaire ou de l'éolien ces dernières décennies. En 2013, François Hollande avait estimé que les hydroliennes "représent(ai)ent la formule la plus prometteuse" parmi les énergies marines.
Reportage Sylvain Rouil et Jean-Michel Guillaud
Hervé Morin: Président du Conseil Régional de Normandie
Jean-François Simon: PDG d'Hyrdroquest
Marc Lafosse: membre du SER- syndicat des énergies renouvelables