Ils s’appellent Yoann, Stéphane, Mickaël, Vincent. Ils sont : patron d'un canot de sauvetage SNSM, pilote de l'hélicoptère de la Marine Nationale, commandant de l'Abeille Liberté ou chef de quart au CROSS Jobourg. Bénévoles ou professionnels, civils et militaires, ils sont les visages et les voix derrière les numéros d’urgence en mer : le 196 sur le téléphone ou le canal 16 de la VHF.
- Je vais mourir.
- Ne vous inquiétez pas.
- Mais elle monte à une vitesse… je…
- Je comprends bien monsieur. L’hélicoptère fait au plus vite, il est là dans 8 minutes. Après, ils vont descendre un plongeur, vous treuiller à bord et ce sera bon, d’accord ? Quand il va arriver, je vous demanderai de lui faire des signes.
- Si je ne suis pas recouvert d’eau ! Elle monte à une vitesse incroyable, elle est à 20 mètres là.
- Je sais bien monsieur, c’est la grande marée donc l’eau monte très, très vite.
- J’ai de l’eau à la ceinture. Si personne ne vient, je…
- Vous croyez que personne ne vient mais moi je peux vous jurer qu’il y a des gens qui arrivent.
Extrait du documentaire "Des sauveteurs et des hommes" de Thierry Durand
Un homme, pris au piège d’une grande marée sur le littoral normand. Dans sa voix, la panique, la peur de la mort qui s’approche, qui le submerge. Les vagues sont implacables et lui bien peu de choses. C’est un habitué pourtant. Ce pêcheur à pied connaît ce petit coin de la baie du Mont Saint Michel. Mais il s’est décalé de quelques mètres… Bloqué, envasé, il a composé le 196 sur son téléphone portable. A l’autre bout du fil, une femme du CROSS Jobourg, le centre de surveillance et de sauvetage maritime essaie de le rassurer. Le temps que l’hélicoptère de la marine nationale arrive.
Quand on est allés le chercher… la mer remontait tellement vite qu’on ne l’a pas vu. La mer était passée 50 mètres devant lui. En quelques minutes, la mer avait fait quasiment 100 mètres. Et là on a eu la chance de voir un seau sortir de l’eau et s’agiter, on a vu que c’était lui. On a descendu notre plongeur et il l’a sauvé, mais vraiment in extremis.
Capitaine de corvette Stéphane, pilote du détachement 33F de MaupertusExtrait "Des sauveteurs et des hommes" de Thierry Durand
Moi ce qui m’a le plus frappé, c’est de rester prisonnier d’un naufragé. Pourquoi ? Parce qu’il était envasé et quand je lui ai passé ma sangle, qui est attachée à mon harnais, je n’arrivais pas à remonter à la surface. C’est le treuilliste, qui s’inquiétait de savoir ce qui se passait en bas, qui a remonté le treuil. Grâce au treuil on est sortis de là-dedans.
Second maître Boris, plongeur hélicoptère Caïman MarineExtrait « Des sauveteurs et des hommes » de Thierry Durand
Cette séquence me donne encore des frissons. Il y a une réelle prise de risque. Boris s’est dit « je vais y rester avec lui » et pas « je me détache et je sauve ma peau tout seul ». On sent toute l’humanité derrière son geste. La solidarité des gens de mer, ce n’est pas un vain mot.
Thierry Durand, réalisateur du documentaire « Des sauveteurs et des hommes »
Ne pas hésiter
Cette séquence forte du documentaire « Des sauveteurs et des hommes » illustre bien la mécanique à l’œuvre dans le sauvetage en mer.
Un numéro : le 196 sur le téléphone ou le canal 16 de la VHF.
Le CROSS Jobourg au bout du fil, centre de sauvetage et de surveillance du trafic maritime. Selon l’urgence, ensuite, l’hélicoptère de la marine nationale prend le relais. Ou un canot de sauvetage de la SNSM. Ou le remorqueur de haute-mer Abeille Liberté.
S’il y a un message à faire passer, c’est de ne pas hésiter à les appeler.
Thierry Durand, réalisateur du documentaire « Des sauveteurs et des hommes »
"C’est un maillage, un mélange entre civils et militaires, professionnels et bénévoles, qui fonctionne très bien", nous explique le réalisateur Thierry Durand.
"Je suis un pratiquant de la mer. L’hélicoptère passe au-dessus de chez moi, je vois l’Abeille Liberté naviguer pendant les tempêtes depuis ma fenêtre, poursuit-il. Avec ce film, je voulais faire découvrir cette chaîne des secours au grand public.
S’il y a un message à faire passer, c’est de ne pas hésiter à les appeler. Ils ont aussi un rôle de conseil. Parfois, les gens ont peur, parce qu’ils imaginent tout de suite le déclenchement d’une grosse intervention. Mais non. Ils ont des moyens pour suivre le bateau, simplement. Leur problématique, c’est le temps. Plus tôt ils sont au courant, plus tôt ils peuvent agir."
Les bénévoles de la SNSM
Ils ne cherchent pas de médailles, ils ne jouent pas les héros.
Et pourtant, les sauveteurs en mer doivent être opérationnels tout le temps. Ils sont bénévoles au sacrifice de leur vie professionnelle souvent, parfois familiale.
C’est évidemment une satisfaction personnelle. C’est presque égoïste. Secourir une personne, on n’a rien en retour, on n’attend rien en retour donc la satisfaction elle est vraiment propre au sauveteur. C’est un peu paradoxal parce que c’est un travail d’équipe mais la satisfaction est personnelle.
Yoann, patron du canot SNSM Goury« Des sauveteurs et des hommes » de Thierry Durand
Ils sont 8.500 sauveteurs en mer de terrain bénévoles en France, coordonnés par un président bénévole, un siège de 89 salariés renforcés de quelques cadres bénévoles spécialisés et, localement, par des cadres bénévoles (environ 2 300) pour renforcer le soutien technique, administratif, logistique, financier et de communication.
Les bénévoles de la SNSM font partie des 13 millions de bénévoles dans notre pays, âgés de plus de 18 ans. Soit un Français sur 4. C’est d'ailleurs le thème de notre débadoc diffusé ce lundi 29 novembre.
"Débadoc : le bénévolat", une émission à (re)voir ici :
"Des sauveteurs et des hommes", un documentaire à (re)voir ici :
« Des sauveteurs et des hommes » de Thierry Durand
Une coproduction Aligal production et France Télévisions