Ce bijou Art Déco de 1933 et le sous-marin nucléaire Le Redoutable ont été désignés "Monument préféré des Français" ce mercredi 14 septembre 2022, dans l’émission de France 3 animée par Stéphane Bern. L’édifice qui a vu transiter des milliers de voyageurs en direction du nouveau monde avant de décliner a été reconverti en parc de loisirs scientifique il y a 20 ans. Ce titre vient célébrer une fois de plus le succès de la Cité de la mer de Cherbourg.
La nef d’accueil, la salle des bagages ou des pas perdus, le grand escalier typique des années 30, le grand hall accueillant autrefois les trains de Paris ont été complètement restaurés. Des lieux chargés d’histoire conjugués aujourd’hui à des espaces interactifs, des aquariums, une darse intégrant le premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins "le Redoutable". Tels sont les éléments du vaste complexe touristique, culturel et scientifique qui s’offrent aujourd’hui à la découverte du public.
Une reconversion réussie
L’aboutissement d’une ambition imaginée par la communauté urbaine de Cherbourg dans les années 90 qui invite à la découverte des fonds marins et au voyage à la grande époque des paquebots transatlantiques.
La gare existe depuis le milieu du 19e siècle, mais l’essentiel du bâtiment a été pensé après la première guerre mondiale, dans les années folles au moment des grandes vagues migratoires vers le nouveau monde. Les premières baraques en bois sur un ponton vont laisser place à un vaste hall ferroviaire pour accueillir les trains à l’arrivée et au départ de Paris.
Un modèle architectural
L’édifice se veut résolument moderne. Il est construit en béton armé, en brique claire et en pierre de béton imitant le granit, surmonté dans son équilibre architectural d’un superbe campanile de 70 mètres de haut. L’intérieur est en pur style Art Déco avec des dallages en mosaïque fournis par des céramistes parisiens. Côté embarquement, est construit un quai de 620 mètres, le fameux quai de France capable d’accueillir deux paquebots en même temps. Il borde un port en eau profonde de 14 mètres pour l’accostage des plus grands d’entre eux.
Pour permettre l’embarquements des passagers, neuf passerelles métalliques sont montées sur rails et d’immenses grues mobiles s’activent pour le chargement des marchandises et du courrier.
La gare est inaugurée en grande pompe en 1933, par le président de la République Albert Lebrun, saluée comme la plus belle du monde par la presse nationale et internationale de l’époque. Il est vrai que l’édifice est imposant, représentant l’une des plus vastes constructions françaises à laquelle s’amarre, dès lors, les plus beaux spécimens nautiques jamais construits.
La renaissance après la guerre
La deuxième guerre mondiale achève une période faste des transports transatlantiques à Cherbourg. La gare est en grande partie détruite sous les bombardements des alliés. Le magnifique campanile, qui représentait une formidable vigie, est dynamité par les allemands en juin 1944. Le quai de France sera rapidement remis en état pour permettre l’acheminement du matériel militaire depuis l'Angleterre, une activité intense qui conduira le port à devenir le plus dynamique au monde après New York.
La gare est reconstruite en 1948 et renait de ses cendres en 1952. Une nouvelle période de transport commence avec l’arrivée de la compagnie américaine "Cunard Line" qui exploite deux de ses fleurons, le "Queen Mary" et le "Queen Elizabeth" puis le "Queen Elizabeth 2" dans les années 70. Des escales, néanmoins trop peu nombreuses pour faire vivre la vieille gare, promise à la destruction.
L’aventure des hommes sous la mer
Heureusement, l’inscription à l'inventaire des monuments historiques en 1989 scelle définitivement le sauvetage de l'édifice qui ne constitue plus que deux tiers de la surface construite au début des années trente. La suite, on la connait : une reprise de l’activité portuaire avec des escales plus modernes mais non moins prestigieuses...
Et cet éclair de génie pour la Cité de la mer qui a ouvert il y a 20 ans ! Une aventure qui revient sur un siècle et demi d’histoire, du passage de millions d’hommes et de femmes rêvant d’un monde meilleur, à la tragédie du Titanic en escale à Cherbourg le 10 avril 1912 quelques jours avant son naufrage. Une aventure incroyable qui perdure et dont la vocation aujourd’hui est d’éveiller à l’importance des océans à l’aune du dérèglement climatique.