Emmanuel Macron est attendu dans la Manche ce mardi 31 mai. Le chef de l'Etat et la ministre de la santé se rendront au centre hospitalier du Cotentin alors qu'un peu partout en France les services d'urgence sont en crise.
La dernière fois qu'Emmanuel Macron s'était rendu en Normandie, il était candidat à sa réélection. C'est en sa qualité de chef de l'Etat qu'il est de retour ce mardi 31 mai dans la région. Il sera pour l'occasion accompagné de la ministre de la santé Brigitte Bourguignon pour "un déplacement consacré à l'accès aux soins urgents et non programmés", indique la préfecture de la Manche dans un communiqué diffusé ce lundi à la mi-journée. Le président de la République se rendra au centre hospitalier du Cotentin, à Cherbourg.
Depuis ce lundi 30 mai, les habitants du Cotentin doivent composer le 15 avant de pouvoir accéder aux urgences de l'établissement, et à partir de 15 heures et jusqu'à 8 h 30 le lendemain matin. C'est le Samu qui assure la régulation du service et l'orientation des patients. Cette régulation par le Samu était déjà en place depuis le 10 janvier dernier mais ne concernait, jusqu'alors, que les urgences de nuit (de 19 h à 8 h 30). Ce mode de fonctionnement est encouragé depuis de nombreux mois par l'Agence Régionale de Santé de Normandie pour faire face aux fortes tensions sur les services d'urgence. Plusieurs établissements ont été contraints à des fermetures nocturnes dans la région. D'autres ont été touchés par des mouvements de grève.
Les urgences en crise partout en France
Et la Normandie n'est pas une exception. Le phénomène touche toute la France. La fréquentation des services d'urgence a explosé depuis le début de la pandémie et parallèlement beaucoup de médecins urgentistes ont décidé de raccrocher la blouse. Les professionnels de santé appréhendent avec beaucoup d'angoisse l'arrivée de l'été. Selon l'association Samu-Urgences de France (SUdF), 120 hôpitaux (soit environs 20% des 620 établissements français, privés et publics) feraient face à de "graves difficultés" pour faire fonctionner leurs services d'urgences.
Ce mardi, à Cherbourg, le président de la République doit rencontrer plusieurs professionnels de santé de la Manche : "urgentistes de l’hôpital de Cherbourg et du SAMU de St Lo, infirmiers, médecins généralistes, direction du Centre Hospitalier et de l’Agence Régionale de Santé, président du conseil de surveillance qui ont mis en place une méthode de travail et de coordination entre la ville et l’hôpital permettant de garantir un accès aux soins urgents et non programmés", selon la préfecture de la Manche.
Dans le Cotentin, cette régulation par le 15 est perçue par les syndicats comme une solution de courte durée. "Ça risque de fonctionner 15 jours - 3 semaines", nous expliquait la semaine dernière Pascal Carretey, de la Fédération autonome de la fonction hospitalière (FAPPH), "C'est ce qui s'est passé précédemment. On voyait effectivement moins d'activité sur les urgences pendant un mois et finalement l'activité est revenue à ce qu'elle était avant, avec 120-140 passages par jour." Et de pointer les questions du recrutement et des conditions de travail au cœur du problème. Dans le Cotentin, touché comme d'autres régions par la désertification médicale, le service des urgences de Valognes (à 20 km de Cherbourg) a été fermé il a quelques années. Il a été remplacé par un centre de soins non programmés qui, lui-même, a connu à plusieurs reprises des difficultés de fonctionnement.