La flotte de pêche cherbourgeoise s'est récemment dotée d'un septième bateau. Après une période difficile, la filière retrouve le sourire et l'optimisme, malgré le brexit.
"C'est un bateau qui a été construit en 89 à Cherbourg et c'est le bateau où mon mari a commencé à naviguer. Ca a été un déchirement pour les Cherbourgeois quand il a été vendu en 98. 22 ans après il revient à Cherbourg et on est super content." Avec le "retour au bercail" du Boree-Al, Sophie Leroy, armatrice, compte désormais quatre bateaux dans sa flotte de pêche. Le dernier arrivé est le plus gros, 25 mètres.
Pour le port de Cherbourg, c'est aussi une bonne nouvelle. Et un signe de bonne santé. "Il y a eu une période dramatique", se souvient Daniel Lefèvre, ancien président du comité régional de pêches et à la tête de la coopérative d’armement (Capam), "la pêche française a été divisée par deux en l'espace de 20 ans. On a vu Cherbourg, Port-en-Bessin, perdre des navires en pagaille. Il y avait aussi la crise carburant dont la dernière remonte à 2008. Les gens avaient baissé les bras et on ne faisait plus de navires."
"il fallait qu'on sauve ces droits de pêche"
Aujourd'hui, plus question de baisser la voilure. Le Boree-Al vient remplacer un navire vendu en Afrique il y a près de deux ans. "On ne pouvait pas, pour le port de Cherbourg, se permettre de perdre la licence et les droits de pêche que nous avions avec le navire qui a été vendu", explique Sophie Leroy, "donc, coûte que coûte, Brexit ou pas, il fallait qu'on sauve ces droits de pêche."Car le Boree-Al arrive dans un contexte particulier. "On est quand même très inquiet pour les hauturiers qui travaillent plus de la moitié de l'année dans les eaux britanniques", reconnait Daniel Lefèvre. Ce sera le cas du Boree-Al, qui a été préféré à un chalutier neuf. "J'ai des collègues qui attendent leur bateau neuf et qui sont très inquiets, ce sont des bateaux qui ont été mis en construction il y a un certain temps et qui vont commencer à sortir maintenant."
Il donc été décidé de jouer la carte de la prudence plutôt que de sortir 3,8 millions d'euros. "Les négociations vont durer dix mois voire un peu plus si la transition est reconduite, ça nous permet de voir venir, c'est un bateau qui est exploitable tout de suite." En cas d'issue positive, l'achat d'un bateau neuf pourrait être envisagé d'ici deux ans.
Brexit mais optimiste
Et les Cherbourgeois veulent y croire. "Je pense qu'il faut être optimiste sur la façon dont le sujet Brexit est traité", estime Séverine Jean, responsable d'exploitation de la criée de Cherbourg, "L'épisode un peu brutal, un peu violent de Guernesey nous a montré finalement que c'était un sujet qui pouvait être très vite pris en compte, en considération par nos politiques et défendus."A plus court terme, c'est toute la filière locale qui se trouve renforcée. "Quand on a un navire hauturier sur Cherbourg, c'ers 600 à 700 tonnes supplémentaires par an, c'est loin d'être négligeable", explique Séverine Jean. L'an dernier, la criée de Cherbourg a vu son tonnage augmenter de 11% pour atteindre les 5500 tonnes. "C'est une garantie de maintien d'emploi sur la criée mais aussi de toute la filière, aussi bien dans l'accastillage que dans la commercialisation ou le matériel."