Le personnel de l'établissement privé, en redressement judiciaire, avait été informé par le groupe Avec, propriétaire de la clinique, d'une cessation totale des activités au 14 mai. Le report de l'audience au tribunal de commerce permet de prolonger les soins jusqu'au 20 mai.
C'est bientôt la fin pour la clinique Henri-Guillard de Coutances (Manche), en attendant un potentiel repreneur. En redressement judiciaire, l'établissement de santé, appartenant à l'hôpital privé Centre-Manche, devrait voir toutes ses activités cesser le 20 mai prochain, fait savoir sa direction, mardi 7 mai.
La clinique s'attend à une liquidation judiciaire, qui pourrait être prononcée par le tribunal de commerce le 21 mai, avant la possible désignation d'un repreneur. L'audience étant initialement prévue au 14 mai, le personnel de la clinique avait été informé, dans un premier temps, de la cessation d'activités à cette même date. Mais le report de l'audience au 21 mai "à cause de contraintes de calendrier" propres au tribunal a provoqué une prolongation des activités de la clinique jusqu'au 20 mai, avance sa direction.
Le 21 mai est aussi le jour où le tribunal de commerce doit se prononcer sur la liquidation de la clinique de Saint-Lô (Manche), le second établissement de l'hôpital Centre-Manche, également en redressement judiciaire en raison de difficultés financières. Les dettes accumulées par les deux cliniques dépassent le million d’euros.
Manque de trésorerie
En marge d'une liquidation judiciaire de la clinique de Coutances, le tribunal pourrait décider du prolongement exceptionnel de ses activités hospitalières – hors chirurgie – pour une courte période, "de quelques semaines à quelques mois, mais pas à l'infini", évoque Patrick Auffret, le directeur de l'hôpital Centre-Manche.
L'ambiance est pesante. Ça fait longtemps que ça dure et c'est compliqué psychologiquement.
Un personnel soignant
C'est le groupe Avec, propriétaire de l'hôpital Centre-Manche, qui a demandé cette liquidation judiciaire en raison du manque de trésorerie de la clinique coutançaise. "À l'unanimité, nous nous opposons catégoriquement à cette politique du fait accompli venant compliquer davantage l'accès aux soins de nos patients", ont fait savoir les onze praticiens hospitaliers du site dans un communiqué, relayé par La Manche Libre.
Les activités chirurgicales de la clinique Henri-Guillard ont déjà cessé en janvier dernier, après que l'Agence régionale de santé (ARS) a demandé des travaux de mise aux normes de son bloc opératoire. Ce dernier ne pouvant plus fonctionner depuis janvier, le déficit de la clinique s'est aggravé. Au mois d'avril, la majorité des 56 membres du personnel médical a été mise au chômage partiel ou réaffecté à l'établissement de Saint-Lô.
Et dire qu'il y a moins de deux ans, la clinique faisait sa publicité
Trois repreneurs possibles
Trois repreneurs se sont manifestés pour prendre le contrôle sur les deux cliniques, à Coutances et à Saint-Lô, dont le groupe Avec lui-même et la Fondation de la Miséricorde, basée à Caen et qui possède déjà des EHPAD en Normandie. Mais ces deux offres de reprise n'envisagent de conserver à terme que la clinique de Saint-Lô.
Seul le troisième repreneur potentiel, le directeur de l'Hôpital privé du Pays d’Auge, Pierre-François Bérard, envisage de garder ouverte la clinique de Coutances et son bloc opératoire.
100 km sans bloc chirurgical
La communauté de communes de Coutances se dit prête à investir un million d'euros dans l'immobilier de la clinique auprès d'un repreneur qui garantirait le maintien de ses activités de chirurgie.
En cas de fermeture définitive de la clinique Henri-Guillard, un territoire de plus de cent kilomètres de long, entre Cherbourg-en-Cotentin et Avranches, se retrouverait sans structure de soin équipée d'un bloc chirurgical. De quoi inquiéter les habitants.