Des milliers d'araignées de mer ont déferlé en avril sur la côte ouest de la Manche à la faveur de conditions météo favorables et d'une période de confinement qui n'a pas permis les captures habituelles.
Une quinzaine de producteurs de moules de la Manche se sont donnés rendez-vous devant la sous-préfecture de Coutances, ce vendredi 10 Juillet. Une action pour dire leur colère après avoir subi d'importantes pertes dans leurs concessions. Des pertes causées par une prolifération d'araignées de mer à la faveur d'une météo favorable et d'un confinement qui a empêché les captures habituelles. .
On en a marre, on a sacrifié 10 millions d'euros de moules au titre de la préservation de certaines espèces, les entreprises vont en prendre plein la gueule, on va mourir
Jusqu'à 140 000 euros de perte par entreprise
"J'ai perdu 140 000 euros de moules en l'espace de 2 ans, les araignées m'ont dévoré 10 kilos de moules par poteau, je ne sais pas comment je vais m'en sortir" déclare Franck Lemonnier, un des six mytiliculteurs installés sur les Îles Chausey. Cette situation est invivable pour les professionnels qui dénoncent "le laxisme de l'Etat" qui a attendu plusieurs mois avant de prendre, le 9 juillet dernier un arrêté autorisant le piégeage de ces arraignées dévoreuses de moules avec obligation de les capturer vivante et de les relâcher au large ."Le préfet de Manche autorise par arrêté du 9 juillet, les mytiliculteurs à mettre en oeuvre des mesures de protection des concessions, ces mesures concernent le piégeage non létal des prédateurs et leur remise à l'eau, vivants, à distance des concessions" Arrêté du 9 juillet 2020
L'araignée de mer, le nouvel envahisseur de nos côtes ?
Ce Crabe, très apprécié des consommateurs dès les premiers jours d'avril sous le nom de "moussette" (jeune araignée) colonise nos côtes chaque année. Ces Crustacés sont dotés de capacités étonnantes."Les araignées sont capables de faire de longues marches, elles quittent les profondeurs où elles passent l'hiver pour venir se reproduire et muer sur la côte durant le printemps, c'est un animal très résistant et très vorace capable de dévorer coquillages, algues et poissons à porter de pinces
Eric Foucher, Chercheur Ifremer Port en Bessin
Protéger les espèces au détriment des hommes ?
L'Araignée de mer s'est installée durablement sur les côtes normandes. On en trouve désormais toute l'année et des "nurseries" ont été repérées dans la baie du Mont Saint-Michel. Les chalutiers ramassent régulièrement dans leurs filets des "monticules" de plusieurs milliers d'araignées", les poissons plats se rarifient, les homards sont moins nombreux à cause de cet enhavisseur qui a élu résidence sur notre littoral.Aujourd'hui, la bataille contre l'araignée de mer ne fait que commencer, les producteurs de moules déclarant ne pas vouloir "pomper les araignées dans nos concessions pour les remettre au large et les voir revenir quelques jours ou semaines plus tard". Il faut une solution pérène qui satisfasse à la fois les professionnels et les défenseurs de la biodiversité. Le sujet risque de faire encore débat dans les mois et années qui viennent.Le Réchauffement climatique n'explique pas tout, on a des araignées qui ne bougent plus, elles sont installées au bord de nos côtes toute l'année, on veut faire de l'écologie mais aujourd'hui, on est envahi par une espèce qu'on n'arrive pas à commercialiser correctement.