L'ONG Greenpeace a dénoncé dimanche 6 décembre des failles dans la sécurité du chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), affirmant avoir pu consulter des documents confidentiels et détaillés sur la protection du
site. EDF minimise l'importance de ces documents.
Dans un long article publié par Mediapart, "Nucléaire: la sécurité percée d’EDF", on peut lire que " Plans précis au mètre près du site où se côtoient les trois réacteurs nucléaires, schémas des clôtures électriques et des alarmes qui y sont reliées, positions exactes des caméras et des détecteurs anti-intrusion, vues des caméras et détails de leurs angles morts, plan des sas d’accès sécurisé et des détecteurs d’explosifs, fonctionnement des portillons : c’est une grande partie du système de sécurité de la zone d’accès contrôlée (ZAC) du chantier le plus important, le plus coûteux et le plus stratégique du système nucléaire français que nous avons pu consulter."
Greenpeace dit avoir reçu ces documents "sans sollicitation " et pour l'ONG, cela prouve que ces informations circulent librement et qu'elles auraient pu facilement être communiquées à un groupe violent. "On peut alors imaginer la possibilité d'une intrusion, d'un sabotage de chantier ou d'un vol de matières radioactives".
"Le fait de disposer des plans de la ZAC de Flamanville ou encore de disposer de l'emplacement des caméras ou de détecteurs n'est pas une information protégée ni classifiée, puisque ces informations sont visibles et peuvent être constatées à l'oeil nu par tout un chacun sur les sites", a réagi de son côté EDF.
Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France juge qu'une "une fuite de documents confidentiels d'une telle ampleur atteste de défaillances structurelles: avec la multiplication des entreprises sous-traitantes, EDF ne maîtrise plus la circulation de l'information et donc la sécurité de ses installations".
Greenpeace conclut qu'il serait "totalement irresponsable, dans ces conditions, de poursuivre les livraisons de combustible nucléaire sur le site de Flamanville". Le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur est actuellement prévu pour la fin 2022, après de nombreux retards et surcoûts. L'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) avait autorisé en octobre l'arrivée du combustible sur le site.
Le producteur d'électricité rappelle par ailleurs que des personnels habilités peuvent avoir accès à des informations classifiées selon certaines règles précises.