La cargaison placée sous bonne escorte a été accueillie la nuit dernière par quelques militants anti-nucléaires qui protestent contre l'arrivée de ce combustible "dont EDF n'a pas l'usage". Le chantier est en effet loin d'être achevé. Le réacteur n'entrera pas en service avant fin 2022.
Le camion en provenance l'usine Framatome de Romans-sur-Isère (Drôme) est entré dans l'enceinte de la centrale à minuit. Une poignée de manifestants avaient bravé le vent et la pluie pour accueillir ce premier convoi jugé très symbolique. "Jusqu'ici, quand on parlait de l'EPR, il était surtout question de gros oeuvre, de travaux, relève Yannick Rousselet qui est chargé des questions nucléaires à Greenpeace. Aujourd'hui, en y faisant venir de l'uranium enrichi, on va avoir des règles de sûreté différentes, des déchets nucléaires, un démantèlement complexe. C'est un virage qu'on dénonce".
On n'est pas du tout certain que cet EPR pourra démarer un jour. Il y a des quantités de malfaçons énormes, les soupapes qui sont retournées en usine, les soudures qui ne sont pas terminées. EDF n'a aucun usage de cet uranium enrichi.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait annoncé officiellement il y a deux semaines avoir donné son feu vert à l'opération, précisant que le combustible sera "entreposé dans la piscine du bâtiment prévu à cette fin". "Cette autorisation est l'une des étapes préalables à la mise en service du réacteur EPR de Flamanville. La mise en service de l'installation, c'est-à-dire le chargement du combustible dans la cuve du réacteur, reste soumise à l'autorisation de l'ASN. Elle fera également l'objet d'une consultation préalable du public", avait indiqué le gendarme du nucléaire.
Une mise en service de l'EPR en 2022, ou en 2023...
Les magistrats pointaient des "dérives de coûts et de délais considérables" sur le chantier du réacteur. Le rapport table sur 6,7 milliards de "coûts complémentaires". Lancé en 2006, et devant initialement entrer en service en 2012 pour un coût de 3,3 milliards d'euros, la construction à Flamanville du premier réacteur français de troisième génération a multiplié les déboires et son coût a été réévalué par EDF à 12,4 milliards d'euros.#EPR de Flamanville : EDF tente un nouveau coup de bluff avec une première livraison de combustible https://t.co/PVAHaNhtzb
— Sortir du nucléaire (@sdnfr) October 26, 2020
"On n'est pas du tout certain que cet EPR pourra démarer un jour. Il y a des quantités de malfaçons énormes, les soupapes qui sont retournées en usine, les soudures qui ne sont pas terminées", insiste Greenpeace qui voit dans ces livraisons de combustible un moyen de créer "un point de non-retour". "C'est la politique du fait accompli pour fare croire que tout va bien", déplore Yannick Rousselet. Selon un communiqué du réseau Sortir du nucléaire, le transport de combustible devrait se poursuivre à raison de "deux camions par semaine pendant quatre mois".