Entre le port normand et la principauté monégasque, il y a bien plus qu'une simple ressemblance géographique. Les deux villes ont été dirigées par le même homme au dix-huitième siècle, Jacques de Matignon, et partagent aujourd'hui jusqu'à l'architecture de leurs casino.
C'est le plus normand des princes monégasques. En 1715, Jacques de Matignon, gouverneur de Granville et des îles Chausey, épouse Louise-Hyppolite Grimaldi, fille d’Antoine 1er de Monaco. Le souverain monégasque n'ayant pas d’héritier, il est décidé en accord avec le Roi-Soleil que Jacques de Matignon renonce à son nom et ses armes pour devenir le prince Jacques 1er de Monaco.
De cette union, naîtra une attache entre les deux villes. "Les moyens de déplacement ne sont pas ceux d’aujourd’hui, donc il viendra assez peu souvent. Mais en revanche les attaches avec la Normandie sont bien réelles et Louise-Hyppolite fera des séjours réguliers en Normandie, particulièrement au château de Torigni dans la Manche", explique une historienne.
Comme un clin d'oeil, avec l’arrivée du train à Granville deux siècles plus tard et le développement des lieux de villégiatures pour la bourgeoisie, Granville prend le surnom de "Monaco du nord". Le géographe Élisée Reclus écrit alors : "sous un ciel de Méditerranée, Granville serait un autre Monaco".
Cette appellation sera utilisée par le syndicat d’initiative de Granville pour attirer les touristes de l’entre deux guerre et des années 50. Le climat des deux stations balnéaires, lui, est tout de même bien différent. Quant à la géographie, si elle a offert aux deux villes la mer et un rocher, les hommes contribueront eux aussi à la ressemblance entre les deux lieux en y construisant des casinos... d'apparence similaire.
Un document de Jean-Baptiste Pattier et Nicolas Dalaudier :