C'est la rentrée pour le patrimoine français. La Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern vient de dévoiler les cinq sites normands, qui pourront bénéficier d'un soutien financier, grâce à l'offre de jeux, proposée par la Française des jeux (FDJ). Parmi les lauréats se trouve l'Eglise Saint-Paul, fermée depuis 20 ans.
Située sur les hauteurs de Granville, c'est un emblème qui domine la cité portuaire. Édifiée en 1894, l'Eglise Saint-Paul se distingue par son architecture de style romano-byzantin, inspirée de l'éclectisme de la fin du XIXe siècle.
Mais en 2003, un bloc de béton provenant du dôme se détache. La mairie décide de la fermer. L'église sera désacralisée en 2017. Depuis, les projets se multiplient. Il fut même question, un temps, de la céder pour 30 000 euros, en 2018.
Un lieu de spectacles avec un café-restaurant et une vue panoramique sur le port
Des études reprennent en 2021 pour faire un diagnostic et concevoir un projet de revalorisation. Les granvillais sont même invités à se prononcer, l'an dernier, en faveur d'un scénario proposé par le groupement Isatis, qui prévoit la création d'un site "multigénérationnel", indique la mairie, mêlant à la fois "la culture, la bistronomie et les arts de la fête".
La nef de l'église abriterait donc un café-restaurant bistronomique ainsi qu'une scène pour accueillir des spectacles ou des concerts. Une cloison de bois et de verre permettrait de créer un espace pouvant accueillir des séminaires ou des conférences.
Mais le clou du spectacle sera sans doute la rénovation du dôme, permettant d'admirer une vue panoramique imprenable sur Granville et sur sa baie.
Un projet qui nécessite des soutiens financiers
La municipalité ne manque pas d'ambition pour ce projet estimé à 9 millions d'euros. La Ville entend financer la rénovation du bâti (le clos et le couvert de l'édifice) pour un montant de 6 millions d'euros, l'objectif étant d'obtenir 60% de subventions.
Pour l'intérieur, la facture s'élève à 3.3 millions d'euros. Une SEMOP, une société d'économie mixte à opération unique qui allie financement public et actionnaire privé, serait créée pour gérer le lieu. La ville de Granville, elle, restera propriétaire de l'édifice.
Ce dossier pourra compter sur un coup de pouce de la Mission Patrimoine. Au départ, la délégation de la Manche pour la fondation avait sélectionné dix projets, puis deux ont été proposés au comité national qui a finalement choisi Granville pour ces critères.
D'abord, l'église Saint-Paul présente un intérêt patrimonial indéniable. Autres points importants, l'état de péril, la maturité du projet de la municipalité et surtout sa valorisation avec un impact fort sur le territoire"
Jean-Pierre Husson, délégué départemental de la Manche pour la Fondation du Patrimoine
Le montant de la dotation ne sera connu qu'en novembre, une fois les gains récoltés.
Reportage de Pauline Saint et Maelenn Nicolas.
Quels sont les autres sites normands retenus ?
- Calvados : L’église de la Sainte-Trinité à Falaise
Contemporaine de Guillaume-le-Conquérant pour ses parties les plus anciennes, l’église reflète le patrimoine médiéval de la région.
"Dans le cadre du 80e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie, la restauration de cet édifice est particulièrement symbolique car il a été lourdement endommagé par les bombardements de 1944", explique la Fondation du Patrimoine.
La première tranche de travaux porte sur la restauration du porche Renaissance, des bas-côtés Nord et l'assainissement général. Fin des travaux prévus en septembre 2025.
- Orne : L’abbaye Notre-Dame de la Trappe à Soligny-la-Trappe
Cette abbaye est fondée au XIIe siècle par le Comte de Rotrou III, en mémoire de sa femme Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant.
Des travaux sont aujourd'hui indispensables pour maintenir la communauté religieuse, qui ouvre les lieux au public pour lui faire découvrir la vie monastique.
"La première phase des travaux correspond à la restauration et au réaménagement des bâtiments d’accueil et d’hébergement pour permettre à la communauté de demeurer dans les lieux." Fin des travaux prévus en septembre 2027.
- Eure : L’ancienne rubanerie à Saint-Aubin-de-Scellon
Le projet consiste à transformer un ancien site industriel, du XIXème siècle, spécialisé dans la fabrication de ruban, en lieu d’accueil.
"Le projet reste à affiner mais il pourrait y avoir une activité d’hébergement en parallèle de l’organisation de stages et séminaires tournés vers le terroir, la cuisine et la permaculture."
Il faudra d'abord réaliser des travaux de menuiseries et de restauration de la charpente et de la couverture.
- Seine-Maritime : Le clos-masure de Guillerville à Bolleville
Les copropriétaires de cette ferme cauchoise souhaitent y accueillir l’association « La Patte Normande » et devenir ainsi un refuge d’animaux.
"Mais une intervention rapide s'avère nécessaire pour combler la marnière, permettre de sauvegarder
l’intégrité du clos-masure et d’assurer la sécurité du public.
De plus, la toiture hors d’usage de l’une des étables et du poulailler entraîne des inondations et des
infiltrations d’eau, nécessitant réfection".
Le Loto du patrimoine : comment ça marche ?
Au total, cent sites départementaux ont été choisis pour bénéficier, d'une enveloppe financière, dont la somme dépendra des jeux et donc de votre générosité.
Rappelons le principe, lancé en 2018. Vous jouez et le patrimoine gagne une partie des fonds collectés. Permettant ainsi de soutenir un projet phare, le régional - cette année, c'est le haras national de St Lô - et un site par département.
La Française des jeux propose depuis le 2 septembre une nouvelle édition avec un tirage Loto, prévu les 7, 9, 11, 14, 16, 18 et 21 septembre et des jeux de grattage :
" Décliné en trois versions, le ticket est construit autour de six jeux et d’un jeu bonus. Vendu 15 €, il permettra aux joueurs de remporter jusqu’à 1,5 million d’euros. Le montant du prélèvement sur les mises revenant normalement à l’Etat, soit 1,83 € par ticket acheté, sera reversé à la Fondation du patrimoine".
Depuis la première édition de la Mission Patrimoine, ce sont près de 280 millions d’euros qui ont permis d’aider les travaux de restauration de l’ensemble des sites retenus. L'an dernier, plus de 28 millions avaient ainsi été collectés.