Ce jeudi 6 mai a été marqué par un bras de fer entre Britanniques et Français devant le port de Saint-Hélier, sur l'île anglo-normande Jersey. Les autorités jersiaises indiquent vouloir solutionner le problème des licences de pêche. Le patron des pêcheurs jersiais estime qu'il ne faut rien lâcher.
La pêche a toujours été un sujet épineux dans les relations franco-britanniques. Plus encore avec le Brexit. Ces derniers jours, la tension n'a cessé de monter de part et d'autres de la Manche avec la délivrance des licences de pêche aux pêcheurs de la Baie de Granville, des licences délivrées en nombre insuffisant selon les professionels de la mer français. Lesquels ont organisé une démonstration de force ce jeudi devant le port de Saint-Hélier, la capitale jersiaise.
Si le gouvernement britannique a lui aussi joué des muscles ce jeudi en envoyant deux patrouilleurs militaires dans le secteur, le gouvernement de Jersey a, lui, plutôt tenter de jouer la carte de la diplomatie. Anthony Gueda, le ministre adjoint en charge de l'environnement, a ainsi rencontré une délégation de pêcheurs français à bord d'un bateau.
Jersey plaide sa "bonne foi"
Un peu plus tôt dans la journée, interviewé par nos confrères de France Inter, le ministre jersiais plaidait "la bonne foi" des autorités de l'île anglo-normande et assurait qu' "un pêcheur qui pêchait l'année dernière du côté de Jersey - à condition qu'il ait pêché plus de 10 jours, que ce soit une activité importante pour lui - peut pêcher cette année, l'année prochaine avec le même effort." Selon lui, les données de navigation des pêcheurs français qui conditionnent la délivrance (ou non) d'une licence étaient incomplètes, de mauvaise qualité.
Assistant Environment Minister Gregory Guida is now speaking to the French fishing representatives. #jersey pic.twitter.com/fUK3g53OUG
— jepnews (@JEPnews) May 6, 2021
Anthony Guida a rappelé que ces données transitaient par un circuit long et tortueux : avant d'arriver aux autorités de Jersey, elles passent par les comités régionaux des pêches, le gouvernement français, Bruxelles puis Londres. "On est passé par une énorme bureaucratie alors que dans la pratique, on se connait tous", a déploré le ministre adjoint de l'environnement sur les ondes de France Inter, "Vous nous donnez les données, on écrit les licences. Il n'y a pas de problème."
Faire preuve de diplomatie
En fin de journée, ce jeudi 6 mai, le ministre en chef de Jersey, John Le Fondré a qualifié la rencontre entre les autorités jersiaises et les pêcheurs français de "constructive". Il a proposé l'instauration d'un forum de discussion entre les deux parties en vue de résoudre le différend. "Nous reconnaissons que l'application du nouvel accord commercial s'accompagne de défis", a-t-il indiqué dans un communiqué.
"Nous avons convenu que toutes les parties restent déterminées à s'engager avec nos partenaires de l'UE et de la France pour résoudre les problèmes liés à la délivrance de licences de pêche dans le cadre de l'accord de commerce et de coopération, qui a conduit à la manifestation d'aujourd'hui", a déclaré à la BBC le ministre des relations extérieures de Jersey Ian Gorst. "Il est important que nous réagissions aux menaces, mais la réponse à cette solution est de continuer à parler et à faire preuve de diplomatie."
"Inacceptable pour nos pêcheurs"
Si le gouvernement de Jersey semble donc jouer la carte de l'apaisement, sur l'île anglo-normande, le patron des pêcheurs, Don Thompson, se montre inflexible. "Si le sénateur Gorst veut négocier, ce serait totalement inacceptable pour le public de Jersey et, franchement, inacceptable pour nos pêcheurs", déclare à nos confrères du Jersey Evening Post, le président de l'association des pêcheurs. Lequel s'appuie sur la démonstration de force de ses homologues français ce jeudi pour justifier sa position. "Le public et le reste du monde ont pu voir la taille de la flotte française. Tout le monde comprend à présent que Jersey doit être prudent avec les licences et contrôler cet effort de pêche".