Un éleveur fait face au tribunal pour maltraitance contre deux chevaux. Des faits révélés dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Des associations de lutte pour le bien-être animal se sont constituées partie civile.
En 2023, la vidéo avait fait le tour des réseaux sociaux. On y voit un homme de dos, frappant deux chevaux à plusieurs reprises sur la tête et la croupe à l'aide d'une rape de métal.
Dès lors, l'écurie normande de Saint-Planchers dans la Manche où la scène a été filmée et son gérant, l'auteur des coups, Julien Olivier, sont plongés dans la tourmente et des associations de défense des animaux portent plainte.
Amour des chevaux
Tout l'enjeu du procès est de déterminer si ces actes sont isolés ou s'ils sont voués à se répéter.
"Je ne cautionne pas ce que j'ai fait", a déclaré l'éleveur avant de se justifier en précisant que "les chevaux étaient dangereux" et que les vidéos ne montraient "que quelques secondes et des extraits hors contexte".
L'avocat de la défense a plaidé "un amour des chevaux" avant d'évoquer les témoignages unanimes des propriétaires des chevaux confiés à Julien Olivier, relatant "c'est toute sa vie".
Actes isolés ?
À l'inverse, les associations de défense des animaux, la Fondation Brigitte Bardot, le Refuge de Darwin, Stéphane Lamart et One Voice ont répété qu'il s'agissait "d'une violence qui n'est pas nouvelle". Prenant l'exemple d'un de ses anciens employeurs qui s'est dit choqué mais pas surpris de la violence de l'éleveur dans la vidéo.
Ce qui nous inquiète c'est probablement que ces faits se sont reproduits après et se reproduiront plus tard. Il est ressorti de l'audience une véritable dangerosité et surtout une absence de prise en compte de la sensibilité de l'animal.
Maître Caroline Lanty - Avocate de l'Association One Voice
De son côté, la DDPP, direction départementale de la protection des populations, avait mené une enquête dans l'écurie à la suite de la publication de la vidéo. Quelques manquements avaient été constatés dont un manque d'accès à l'eau dans un des champs.
Règlement de comptes ?
Selon l'éleveur, la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux émane d'une apprentie avec qui il n'aurait plus souhaité travailler, évoquant "un règlement de comptes" de sa part.
Filmé en train de taper notamment à coups de tenaille sur deux chevaux, il a expliqué vouloir les «recadrer» car peu coopératifs, voire dangereux... Nous portons la voix de Casimir et Gazelle ce 19 novembre au tribunal de Coutances. https://t.co/UO8RTc3Fgg pic.twitter.com/tLsrZ6qX2P
— One Voice (@onevoiceanimal) November 18, 2024
Maltraitance animale
À la sortie de l'audience, le prévenu n'a pas souhaité s'exprimer.
Pour rappel, depuis la loi du 30 novembre 2021, les sanctions contre les auteurs de maltraitance animale ont été renforcées. Les actes de cruauté ou sévices graves envers un animal domestique ou apprivoisé sont punis de 45 000 euros d'amende et d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans.
Le tribunal judiciaire de Coutances rendra son délibéré le 17 décembre 2024. En attendant, la Fédération Française d'équitation a retiré le label "bien-être animal" dont l'écurie bénéficiait jusqu'alors.
Écrit avec Anaïs Guérard.