Lorsqu'il était candidat à la primaire de la gauche, le militant écologiste plaidait pour les énergies renouvelables. Au ministère de l'écologie, il a hérité du fardeau de l'EPR qui a déjà englouti 11 milliards d'euros. Et son discours se fait déjà plus nuancé.
Parmi les 66 propositions qu'il défendait en janvier 2017 quand il espérait devenir le candidat de la gauche à la présidentielle, François de Rugy fixait un objectif de 100 % d'énergies renouvelables en 2050. Il militait pour une réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d'électricité à l'horizon 2025, un objectif que la loi votée sous le quinquennat Hollande prévoyait déjà. Mais il allait plus loin en promettant une sortie du nucléaire en 2040.
Le temps où François de Rugy était le candidat de son mouvement Ecologistes ! à la primaire socialiste :
10 chapitres, 66 propositions : on entre dans le concret. La primaire doit être celle des projets." #LaFranceDeTousLesProgres pic.twitter.com/pVp4nyKcEm
— François de Rugy (@FdeRugy) 16 décembre 2016
L'eau a depuis coulé sous les ponts. Le modeste candidat - il a rassemblé moins de 4 % des suffrages à la primaire socialiste - a rallié le candidat Macron qui, une fois élu, lui a permis de devenir le président de l'Assemblée Nationale. Et c'est lui qui a succédé à Nicolas Hulot au ministère de l'écologie il y a un mois. François de Rugy récupère l'encombrant dossier nucléaire, lesté du fardeau EPR. Mais l'exercice du pouvoir a le don de polir les discours.
Reportage de Gwenaëlle Louis et Cyril Duponchel
"Impossible de fermer Fessenheim et d'ouvrir Flamanville en même temps"
Le nouveau ministre en convient : personne ne sait dire quand le nouveau réacteur de Flamanville pourra être mis en service. Sur France Info cette semaine, François de Rugy s'est rendu à l'évidence : le calendrier qui prévoyait la fermeture de la vieille centrale de Fessenheim en 2022 après la mise en service de l'EPR ne sera pas tenable.Depuis la primaire socialiste, le chantier de Flamanville s'est empêtré. Les soudures laissent à désirer, et des doutes pèsent sur la robustesse du métal de la cuve. Pour autant, le désormais ministre François de Rugy ne prône plus l'abandon pur et simple du nucléaire ni de l'EPR. Les choses sont désormais dites de biais, prudemment. "Pour envisager de poursuivre dans la filière nucléaire avec l'EPR, il faudrait faire la démonstration que l'EPR fonctionne et à coût maîtrisé. Un de mes critères principaux sera de comparer les coûts de production de l'électricité en France".