La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord appelle les navigateurs à la vigilance. Cinq cuves de huit mètres de long sont toujours recherchées dans le secteur nord des îles anglo-normandes et dans le raz Blanchard. Cette perte de cargaison est-elle rare ou le détroit le plus fréquenté du monde est-il truffé de pièges pour les bateaux ?
Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 décembre 2023, un navire de commerce a perdu six cuves en inox au large de La Hague. Ces cuves destinées à contenir du lait, étaient vides et ouvertes. La météo était mauvaise et le navire les a rapidement perdues de vue.
Une seule cuve retrouvée sur les six perdues
Aussitôt alerté, le Cross Jobourg a engagé plusieurs moyens pour localiser les cuves : le BSAA (bâtiment de soutien et d'assistance affrété) Argonaute, un hélicoptère et un avion de la Marine nationale.
Lundi, en début d'après-midi, une seule des cuves a été localisée au sud du DST (dispositif de séparation du trafic) des Casquets.
Mercredi matin, le BSAA Argonaute a pu récupérer cette cuve qui dérivait dans le raz Blanchard, mais les cinq autres sont toujours introuvables, et restent un danger pour les bateaux naviguant dans le secteur.
[#Opération] Le BSAA Argonaute a procédé à la récupération de la cuve à la dérive dans le raz Blanchard ce matin par une météo plus favorable. L’équipage est parvenu à la déposer sur le pont. Retour à Cherbourg prévu dans l’après-midi. pic.twitter.com/EnnAOlDw45
— Préfecture maritime Manche et mer du Nord (@premarmanche) December 6, 2023
La cuve est arrivée dans le port militaire de Cherbourg. Elle y restera stockée le temps que la procédure administrative menée avec l'armateur pour son traitement aboutisse.
Le détroit le plus fréquenté au monde
Près de 25% du trafic maritime mondial transite par la Manche et la mer du Nord, avec 500 millions de tonnes de matières dangereuses et un trafic transmanche majeur d'environ 30 000 traversées en 2020 (source préfecture maritime Manche et mer du Nord).
En 2023, le trafic a encore augmenté, passant de 400 à 600 bateaux par jour en trois ans.
Les conditions météorologiques y sont souvent difficiles, et des accidents ou des avaries peuvent générer rapidement des situations catastrophiques et notamment des pollutions maritimes.
Containers aangespoeld strand Vlieland. Stoeltjes, kinderkleding gloeilampen. pic.twitter.com/Socq3wMHBT
— Pier Santema (@PierSantema) January 2, 2019
Mais cela reste très rare, rassure Véronique Magnin, porte-parole de la préfecture maritime Manche mer du Nord, qui ne connaît pas d'équivalent aussi catastrophique côté français.
"Globalement dans les contours européens, c’est assez rare, explique-t-elle, car la réglementation est assez forte depuis la Convention OSPAR." Cette convention, signée en 1992, vise à prévenir et éliminer la pollution marine résultant des activités humaines en Atlantique Nord-Est afin d’en protéger les écosystèmes et la diversité biologique.
Elle oblige, notamment, les bateaux à s'équiper d'une double coque et de respecter un amarrage particulier.
Une zone maritime très surveillée
Selon Véronique Magnin, la perte de cargaison n'arrive pas tous les mois. "Des évènements de ce type, on en a un à deux par an entre Ouessant et le Pas-de-Calais. Elles sont plus fréquentes autour d'Ouessant et des Casquets, car, dans ces DST (dispositif de séparation du trafic), la houle hivernale est plus importante. Le DST de Calais est, lui, plus protégé."
Plusieurs fois par semaine, on a un avion qui vient surveiller le trafic, pour surveiller les pertes de cargaison ou les lessivages de cuve. Ces navires n’ont pas intérêt à le faire, car ils vont être attendu au port suivant et une lourde sanction sera envoyée à l’armateur.
Véronique Magnin, porte-parole de la préfecture maritime Manche mer du Nord
Le bateau de commerce, ayant perdu six cuves, ce week-end, va être inspecté à son arrivée au port. Les inspecteurs maritimes vont vérifier qu’il avait fait un chargement correct, et si ce n'est pas le cas, il aura des amendes.
En attendant, la zone, où les cinq cuves restantes ont probablement coulé, reste sous surveillance accrue jusqu'à ce week-end.
En cas d'événement ou d'observation faite en mer, les usagers doivent contacter les secours par téléphone au 196 ou sur le canal 16 de la VHF.
