Le préfet de la Manche a retoqué le très polémique projet de méga-serres de tomates "Les Serres du Buat". Une décision motivée par des manques et des insuffisances dans le dossier d'autorisation environnementale.
La bataille n'est pas terminée mais c'est une victoire pour les opposants à l'installation de méga-serres à tomates dans le Sud-Manche. Le préfet du département a décidé de ne pas accorder l'autorisation environnementale à la société "Les Serres du Buat", qui prévoit d'élargir son parc actuel de 12 à 32 hectares, soit l'équivalent de 45 terrains de football.
Un manque de clarté sur les impacts sur l'eau et les animaux
Après examen du dossier déposé par l'entreprise, le représentant de l'Etat a identifié "des manques et insuffisances ne permettant pas l’appréhension complète des impacts de différentes natures sur l'environnement proche et éloigné du site projeté".
Les mesures de compensation (environnementales) proposées apparaissent insuffisantes, les conditions de délivrance d’une dérogation à la protection appropriée des espèces protégées concernées ne sont pas réunies et l’ensemble des impacts sur la ressource en eau est insuffisamment évalué.
Communiqué du préfet de la Manche, Xavier Brunetière
L’été dernier déjà, la mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) invitait les promoteurs à compléter un dossier jugé insuffisant.
Après un premier bassin de serres gigantesques implanté à Brécey en 2018, puis un autre à Isigny-le-buat un an plus tard, le géant néerlandais de la tomate AgroCare entend poursuivre sa colonisation du sud Manche. En l’espèce, il s’agit de méga-serres de tomates cultivées hors-sol, sous des lumières, alimentées via un liquide nourrissant, des serres nouvelle génération mesurant de cinq à sept mètres de haut.
Une opposition militante et politique
"Le bilan que l'on peut faire pour ce projet-là est qu'il n'y a ni de constructions neuves pour les salariés des tomates, ni d'enfants dans les écoles et la compensation financière est quasiment nulle pour la municipalité. Localement, ça ne nous apporte rien", nous expliquait en mars dernier Frédéric Laheurte, premier adjoint à la maire d'Isigny-le-Buat.
Un collectif d’opposants a également germé l'hiver dernier. Il déplore un projet "démesuré, contraire à toutes les directives actuelles, c’est basé sur une énergie fossile, c’est chauffé plein pot, c’est éclairé, c’est une dépense d’énergie folle et on produit des fruits et légumes hors saison essentiellement".
Néanmoins, le projet n'est pas totalement enterré. La société requérante peut déposer un nouveau dossier retravaillé pour convenir aux demandes administratives et préfectorales en matière d'impact sur l'environnement et de compensation pour la localité.